Le secteur représente 13,3 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2020 et 9,4 milliards à l’exportation, selon l’Union des industries textile (IUT) – Malmené pendant des années, certains l’ont même pensé condamné, il retrouve de belles couleurs.

Les chiffres sont là, et bien là : le textile français qui fait vivre 100 000 personnes  -7 fois moins cependant qu’il y a 40 ans- a réussi à passer la période du Covid et à se relancer.

780 projets sont soutenus par le plan Relance

Parmi lesquels ceux de Petit Bateau (Aube), Tricot Saint-James (Manche), Safilin (Pas- de-Calais) ou Velcorex (Haut-Rhin).

C’est un fait, la relocalisation du textile gagne du terrain partout en France. Et c’est une très bonne nouvelle. Ce n’est pas Gilles Attaf qui dira le contraire…

Le « nerf de la guerre » demeure bien les commandes

Eric Boël, le patron des Tissages de Charlieu : « Au-delà du soutien de l’Etat, c’est la grande distribution qui permet à la PME tricolore d’envisager le doublement des effectifs et un plan de réindustrialisation sur cinq ans.» Il prévoit ainsi la production avec son entité de sacs cabas fabriqués à partir de textiles recyclés grâce à un contrat avec Auchan.

Autre enjeu,  et de taille,  le matériel de production et les investissements nécessaires.  Vincent Marie, le président du directoire de Tricotage des Vosges/Bleu forêt qui produit chaque année 6 millions de paires de chaussettes et de collants en fils synthétiques insiste : « Pour être compétitif, il faut investir dans l’outil industriel. Cette année nous avons prévu l’acquisition de vingt métiers à tricoter automatisés pour un investissement de 800.000 euros ».

Les promesses du jean tricolore

En pleine relance, le Textile Made in France peut écrire de belles histoires. Le Slip Français, fondé il y a dix ans par Guillaume Gibault en est l’une d’entre elles. La marque est née sur Internet, mais elle doit son succès au savoir-faire d’une kyrielle de fabricants tricolores. 

A suivre aussi, le marché très prometteur du jean tricolore. Bleu Océane fait une belle percée de la Vendée avec son « denim responsable » haut de gamme. Il y a, bien sûr, la belle aventure suivie de très près par les Forces Françaises de l’Industrie de 1083. Thomas Huriez qui vient de reprendre Tissage de France produira 100.000 jeans haut de gamme cette année dans son nouvel atelier de Rupt-sur-Moselle (Vosges) après un investissement de 800.000 euros.

L’inauguration du FashionCube Denim Center , de la galaxie Mulliez en avril dernier illustre le dynamisme de cette activité. Avec un jean très remarqué Le Jean 59 – Vendu 59 euros et fabriqué dans le 59.

Sans oublier, la filière lin, qui, elle aussi en plein développement.

Nos récents articles le prouvent : le pari gagnant du Made in France des chaussettes Broussaud qui existent depuis 1938 a permis de bien installer la marque.  Broussaud, relancé par Alexandra et Aymeric Broussaud,  est considéré comme l’un des fers de lance de la relance du textile fabriqué en France. La PME de Nouvelle-Aquitaine fait partie des leaders de la chaussette française, un secteur où les acteurs se comptent sur les doigts des deux mains. Broussaud a depuis deux ans sa propre marque, mais le groupe travaille pour plus de 160 clients, principalement des marques françaises comme le Slip Français dont elle est le fournisseur historique et principal, les chaussettes Archiduchesse,  Royalties Paris, Bonne Maison, Mosaert, À l’aise Breizh, Maillebike,… « Il faut aussi ajouter le soutien d’un client historique, depuis 29 ans, qui ne nous a jamais lâché : Carrefour. »

Autre bel exemple, celui du Pull Le Minor qui fête son siècle d’existence. L’entreprise a été reprise par Sylvain Flet et Jerôme Permingeat en 2018, avec l’appui d’Alain Sourisseau, spécialiste de la relance de PME. L’objectif de l’équipe dirigeante est de tripler le chiffre d’affaires sur les 3 prochaines années et d’atteindre 20 à 25 MEuros de CA d’ici 7 à 8 ans. L’effectif était de 22 personnes en 2018. Plus de 60 personnes travaillent aujourd’hui chez Le Minor et le cap des 90 collaborateurs pourrait être atteint assez vite.»

Les yeux rivés sur l’inflation et les prix de l’énergie

Reste que la tendance peut être fragile. Les acteurs du secteur ont les yeux rivés sur l’inflation et la montée du prix du pétrole et des énergies, sur laquelle alerte aussi depuis plusieurs mois, Gilles Attaf sur les plateaux de télé.

Clarisse Reille, directeur général de DEFI, Comité de développement et de promotion de l’habillement : « Au-delà des questions de prix, l’agilité et la réactivé sont essentielles pour la compétitivité des entreprises » 

La belle histoire de 3D-Tex à Saint-Malo

Reste que les initiatives ne cessent de se développer. Pour preuve, la très belle histoire récente de 3D-Tex. «Quand on a annoncé notre projet de créer à Saint-Malo une usine textile, on nous a traités d’hurluberlus tant l’industrie perd des emplois aujourd’hui », s’amuse encore Gwendal Michel, l’un des créateurs de 3D-TEX avec Basile Ricquier et Marc Sabardeil

Tous trois travaillaient dans des bureaux d’achat et des usines textiles en Asie ou en Turquie. « Nous avons touché du doigt là-bas les déviances sociales et environnementales du secteur. Nous avons alors décidé d’être acteur du changement attendu », explique Gwendal Michel.

En juillet 202, ils se lancent dans l’aventure avec l’objectif de « dynamiser le territoire breton tout en proposant un gain écologique grâce à une technologie de tricotage en 3D, sans couture, et sans déchet par rapport à une technique traditionnelle. » 3 millions d’euros sont nécessaires à l’achat des machines de production. Le très puissant groupe Beaumanoir de distribution textile (Bonobo, Bréal, Cache-Cache, Morgan, Caroll, La Halle), rentre au capital à hauteur de 24,9 % des parts et aide ainsi les trois entrepreneurs.

L’ Ademe , le Poool (extension bretonne de la French Tech), l’agglomération de Saint-Malo, France Relance , le Réseau Entreprendre , la CCI Bretagne et la Région Bretagne soutiennent activement ce projet. Le chiffre d’affaires anticipé pour 2022 est de 1,4 million d’euros. Beaumanoir, Eram, Auchan et des marques indépendantes françaises moyen-haut de gamme, démarchées lors du salon professionnel Première Vision Paris, rendez-vous de la mode écoresponsable, deviennent des clients et aident à lancer la machine.

Gwendal Michel : « On ne peut pas relocaliser si notre prix n’est pas attractif. Pour cela, il nous faut faire revenir du volume de production en France. »

30 personnes aujourd’hui travaillent aujourd’hui pour l’entreprise. Le recrutement n’a pas été une mince affaire. Dans bon nombre de régions en France, on ne forme plus personne à ces métiers de la confection. La dernière promotion de bonnetiers ou mécaniciens machine est sortie de Roanne en 2004.  Du coup 3D-Tex a formé 20 salariés en partenariat avec la région Bretagne et Pôle emploi grâce à des plans de formation spécifiques. 

Trouver une surface adaptée pour implanter la structure de production n’a pas été facile non plus. – Lire à ce sujet la tribune « ouvrir une usine, le parcours du combattant », de Virginie Saks-. Gwendal Michel le constate :  « A Saint-Malo, il y a une pénurie de terrains et de locaux. Grâce à internet, nous avons trouvé à louer, moyennant un investissement en travaux de 80.000 euros, une surface de 700 m² au bout de plusieurs mois de recherche».

3D-TEX a l’ambition de devenir en 2025 l’un des plus grands tricoteurs en France réalisant 5 à 6 millions d’euros de chiffre d’affaires. Le textile made in France n’a pas dit son dernier mot !

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