Après deux expériences de six ans dans des startups, Candice Genton, 29 ans, a monté sa propre structure, Savoir d’Ici. L’industrie est son nouvel univers qui la passionne. « Il s’y passe beaucoup de choses et je veux montrer qu’il s’agit d’un secteur dynamique. Il est important de le défendre et de le mettre en valeur. » C’est pour cette raison qu’avec Jean-Pierre Cauchy et  Baptiste Ploquin, Candice a également lancé le club FFI Rhône-Alpes. Interview avec une jeune femme engagée dans le Made in France.

Les Forces Françaises de l’Industrie : Candice, pouvez-vous vous présenter ? 

Du monde des startups à celui de l’industrie…

– Candice Genton : J’ai 29 ans. Je suis basée à Lyon. J’ai fait une école de commerce, le BBA INSEEC dont j’ai été diplômée en 2015. Puis j’ai complété ce cursus avec un Master of Science, International Events Management que j’ai passé, un an plus tard, à L’EM Normandie. J’ai débuté ma carrière dans des startups avant de monter ma propre structure, Savoir d’ici.

« J’ai attendu la Covid pour enfin me décider à visiter l’usine de mon père… »

Les F.F.I : comment passe-t-on du monde des startups à celui de l’industrie ? 

– C.G : J’ai commencé comme responsable communication / événementiel chez NetMedia Group. Mon rôle était de développer l’événement Be a boss, un événement dédié aux femmes entrepreneures. J’ai ensuite enchaîné dans une autre statut-up, Innovorder (foodtech) qui a été ma dernière expérience en tant que salariée. J’étais en charge de la communication. Nous avions un produit qui comportait quelques bugs, et c’est à ce moment-là que j’ai eu un déclic. N’étant pas développeur, il était difficile pour moi de comprendre pourquoi mon produit ne fonctionnait pas correctement, et par conséquent, de communiquer dessus. Je me suis alors tournée vers l’industrie, qui a un processus de fabrication plus tangible.

Les F.F.I : comment s’est passée la création de « Savoir d’Ici » ? 

– C.G : J’ai commencé à penser au projet en mars 2021. La covid était passée par là, la restauration traversait une période compliquée et j’ai profité de cette période pour réfléchir. Après quelques jours de congés, j’ai (enfin) pris le temps de visiter l’usine de mon père qui se trouve en Isère ! Porcher Industries est spécialisé dans la fabrication de textile composite destiné aussi bien à des ailes de parapente que des gilets pare-balles. Lors de cette visite d’usine, j’ai eu un vrai déclic. Mon père et mon conjoint qui étaient avec moi ont été étonnés eux aussi : « Tu as vraiment un intérêt réel pour l’industrie, tu as posé les bonnes questions aux bons moments, tu as une vraie sensibilité aux produits, aux processus de fabrication. Tu devrais réfléchir à l’exploiter professionnellement. Renseigne toi ! Réfléchis. » Je me suis donc renseignée sur le tourisme industriel et la communication industrielle. J’ai contacté des chefs d’entreprises qui avaient mis en place des visites d’usine, et d’autres qui n’en avaient pas. Après une centaine de visites, et une cinquantaine de café avec des chefs d’entreprise, je me suis constituée un réseau et j’ai fait le constat que certaines TPE / PME industrielles ne savaient pas comment valoriser leur savoir-faire. C’est ainsi que j’ai créé Savoir d’Ici. J’accompagne des artisans et des industriels à valoriser leur savoir faire à travers deux leviers : en mettant en place une communication qui valorise le Made In France, et en mettant en place des visites d’usines pour leurs clients, partenaires ou fournisseurs. J’ai démarré mon activité en septembre 2021. Je suis seule pour le moment, mais je travaille avec de nombreux partenaires qui me suivent dans ce projet.

Les F.F.I : votre activité est-elle nationale ? 

– C.G : Au départ, elle était régionale. Mais avec mon réseau et le bouche à oreille, j’ai vite travaillé à l’échelon national. Mon objectif est de valoriser tous les savoir-faire industriels que l’on a en France. Aujourd’hui j’interviens aussi bien en Auvergne-Rhône-Alpes qu’en PACA. J’accompagne une dizaine de clients.

Dès la première soirée, j’ai apprécié l’esprit bienveillant des F.F.I

Les F.F.I : Comment avez-vous entendu parler de notre club ? 

C.G  : Au tout début de mon activité j’ai rencontré Frédéric Timbert qui est l’ancien vice-président d’Origine France Garantie. Il a été mon mentor quand je me suis lancée. C’est lui qui m’a aidée à comprendre le monde industriel. Il m’a naturellement parlé de Gilles Attaf et des FFI. Il n’y avait pas de club alors encore en Rhône-Alpes. Les FFI existaient à Paris, et il y avait, le club, pas très éloigné, FFI de Clermont Ferrand.  J’étais étonnée qu’il n’y ait rien à Lyon, nous sommes quand même la deuxième région industrielle de France ! J’ai échangé avec Laurent Moisson via Linkedin en novembre 2021 qui m’a renvoyée vers Emmanuel Deleau et ensuite Franck Glaser. Ils m’ont proposé de venir à Paris assister à un événement pour bien découvrir l’ambiance et le format des FFI. J’ai rencontré tout ce beau monde ! Et j’ai adhéré dès le lendemain. Je ne suis pas particulièrement très «réseaux » mais lors de cette soirée, je ne me suis jamais sentie seule à aucun moment. Tout le monde a discuté avec moi d’une manière bienveillante. J’ai apprécié cet état d’esprit. J’ai aussi les mêmes valeurs Made In France que celles portées par les les FFI.  J’ai donc naturellement adhéré en décembre 2021 à l’issue de ce dîner parisien. 

Les F.F.I : et comment s’est poursuivie l’aventure ? 

Le trio de choc des FFI Rhône-Alpes

– C.G : Tout est allé très vite ! Je m’en souviens très bien. Nous sommes en janvier 2022, je profitais de quelques jours pour couper, lorsque je reçois un appel de Jean Pierre Cauchy qui est proche de Gilles Attaf et que j’avais rencontré au salon Made in France. Il m’annonce de go : « Frank me dit que tu aimerais monter un club FFI à Lyon. Je suis à Bourgoin Jailleu, tu es à Lyon. Baptiste Ploquin est à Grenoble, lançons ce club Rhône-Alpes ensemble !». Nous nous sommes vus tous les trois à mon retour à la mi-janvier. L’entente a été immédiate entre nous. En mars, nous avons organisé notre premier événement à Lyon qui a été un grand succès avec l’intervention d’Arnaud du Mesnil, le Ceo de Lafuma Mobilier. Depuis nous avons la particularité de nous retrouver en petit comité. Tout le monde se présente, raconte son histoire, son lien avec le made in France autour d’un verre. C’est très convivial. Et nous organisons toujours une visite d’un site, d’un lieu.

Le dernier événement au siège de Rossignol. Un vrai succès. – Plus d’infos-

« Nous sommes à une dizaine de membres en moins d’un an. Notre approche séduit. »

Les F.F.I : combien de membres comptent le club Rhône-Alpes aujourd’hui. Quels sont vos projets ?  

– C.G : On approche de la dizaine de membres en seulement quelques mois. Nous travaillons avec des acteurs locaux. Je suis en relation avec l’Inseec pour organiser des visites d’usines avec des étudiants, mais aussi des industriels et des acteurs de la région qui s’engagent autour du made in France. A terme, nous devrions réfléchir à créer un club dans chaque grande ville, Lyon, Grenoble et Bourgoin-Jallieu. Notre dernier événement était chez Rossignol. Nous avons visité l’usine et les responsables de ce grand groupe industriel nous ont présenté leur programme issu de la Convention des Entreprises pour le Climat qu’ils ont initié. Le dîner était organisé à leur siège. C’était très inspirant. L’idée est d’aller visiter les usines des autres membres.

Les F.F.I : La mise en place d’un accélérateur FFI Rhône-Alpes est-il à l’ordre du jour ? 

– C.G : Pas pour le moment. Nous sommes tous les trois entrepreneurs. Nous prenons du temps pour nous occuper du club FFI mais nous n’avons pas forcément le temps pour aller plus loin dans l’immédiat. Les portes sont, bien sûr,  ouvertes.  Si d’autres ambassadeurs veulent nous aider nous sommes là pour développer la région.

– Les F.F.I : quel a été l’accueil réservé à ce club ? 

– C.G :  Il a été très bon. Notre approche séduit. On se réunit, s’engage pour trouver des solutions et arrêter de penser que tout va venir de l’Etat. On fédère des acteurs privés pour changer des choses. Le côté national des FFI nous aide aussi. Nous avons une âme commune. Nous n’avons pas forcément créé de liens pour le moment avec les politiques, et c’est assez volontaire. Mais tout est ouvert là encore.

Les F.F.I : intégrer à 29 ans à un club de l’industrie, c’est assez rare !

– C.G : Oui, ça l’est… Mon but, c’est de moderniser l’image de l’industrie. Pendant mes études on ne m’a jamais parlé d’industrie. Il n’était question que de startups, que d’entreprises du Cac 40.  C’est une belle revanche de travailler avec l’Inseec aujourd’hui et de faire découvrir cet univers à des étudiants… Nous avons de belles PME qui rayonnent en France. Bientôt deux nouveaux membres vont nous rejoindre : ce sont des jeunes femmes ! Ça bouge ! Et c’est bon signe !

« Je suis une militante à ma manière ! »

Les F.F.I : comment les femmes s’imposent-elles dans ce milieu de l’Industrie ? 

– C.G : L’industrie doit davantage s’adresser aux femmes et communiquer encore sur les métiers, les opportunités de carrière. De plus, on n’a pas forcément envie d’aller dans ces métiers qui sont souvent dénigrés à l’école. A nous de montrer le peps qu’il peut y avoir dans ces secteurs. Il y a encore trop peu de femmes dans l’industrie. Je suis une militante à ma manière !

Les F.F.I : Les Forces Françaises et les femmes…

– C.G : Quand j’ai participé à mon premier dîner parisien à Paris, il y avait majoritairement… des hommes ! C’est l’une des premières discussions que j’ai eues avec Emmanuel et Laurent : ce n’est pas possible, il faut plus de femmes ! Et nous nous sommes lancés le challenge avec les autres ambassadeurs lors d’une réunion de féminiser nos équipes.  Nous avons des femmes à la tête des clubs de Nantes et de Toulouse. La nomination récente aussi de Virginie Saks comme nouvelle ambassadrice. – Lire son interview- Nous travaillons encore à cette parité. 

Les F.F. I : quels sont les points forts du mouvement ? 

– C.G : il s’agit d’un club convivial très ouvert qui accepte toutes les personnes animées par les mêmes valeurs.. On n’a pas la boule au ventre quand on va à une réunion ou à un événement F.F.I. Chacun peut s’exprimer, donner ses idées. C’est un club qui fait parler de lui au plan national et qui a un message fort aussi à ce niveau : la France ne doit pas être qu’une Start-Up nation mais aussi une PME Nation. J’ai été très sensible aussi à la récente mise en place des pitch’s investisseurs. C’est vraiment une très bonne initiative. Les FFI ont la chance d’avoir Gilles, Laurent et Emmanuel qui sont de très bons porte-paroles. Ils sont à notre écoute et ils sont là, prêts à nous aider à porter des projets en interne qui permettront de changer les choses.  Pour un industriel, c’est aussi valorisant.

Les F.F.I : votre père est-il membre ? 

.- G – Rires- Non ! Mon père n’a pas encore adhéré aux FFI. Il a peur qu’on dise « c’est la fille à papa ». Mais, je continue à y travailler… Je ne désespère pas…

Les F.F.I  : et si vous deviez, comme ambassadrice, faire remonter un petit reproche ? 

– C.G : Je pense qu’il faut encore mieux structurer cette belle machine ! Notamment mieux faire la différence entre les membres et les personnes qui suivent mais qui n’ont pas encore adhéré.

En trois petits mots…

Les FFI : comme le veut la tradition de ce format interview : Gilles Attaf en

trois mots :

– CG : – Après un temps de surprise et d’hésitation- Symbole du made in France, bon vivant et initiateur d’idées.

Les F.F.I : même exercice pour Laurent Moisson

– C.G : « Grande Gueule » qui n’a pas sa langue dans sa poche, porte-parole, bon vivant.

Les F.F.I : Emmanuel Deleau

– C.G : Network, ambassadeur, c’est lui qui parle le mieux du club et souriant.

Les F.F.I : Franck Glaser ?

– CG : Organisateur, le plus structuré de la bande, il sait résoudre les problèmes. Il rassemble aujourd’hui.

Les F.F.I : on ne peut terminer sans faire le même exercice avec vos co-ambassadeurs Rhône-Alpes. Jean-Pierre, donc ?  : 

– CG : Modernise l’industrie, il apporte du marketing et bon vivant.

Les F.F.I : enfin Baptiste ? 

– C.G : Un bon vivant. C’est pour cela que l’on s’entend bien. Entrepreneur il a monté son industrie à 18 ans.  Relationnel. 

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