Fondateur du groupe LCS-Maillot Français, cet ancien technicien en sylviculture qui reste un grand passionné des arbres et de la botanique, est devenu un acteur incontournable dans son domaine : le textile made in France. Ce jeudi 8 décembre, Nicolas Gomarir lance officiellement le club des F.F.I à Perpignan dont il devient ambassadeur. Et à cette occasion Gilles Attaf, lui remettra officiellement, la certification Origine France Garantie pour son activité Maillot Français. Interview.

« J’ai eu une première vie dans la sylviculture avant le textile »

– Les Forces Françaises de l’Industrie : Nicolas, comment vous présenteriez-vous ? 

–  Nicolas Gomarir : « Je suis le fondateur de LCS Groupe-Maillot Français qui est basé à Perpignan où je vis. J’ai passé dans le Tarn un brevet de technicien agricole en sylviculture, puis j’ai été en poste dans les Pyrénées Orientales où j’ai travaillé pendant sept ans pour l’Office National des Forêts. J’étais spécialisé dans la protection de la forêt méditerranéenne.  Puis par la suite, j’ai rejoint une collectivité territoriale – La communauté des Communes Corbières Salanque Méditerranée-. J’ai eu le sentiment de vite tourner en rond dans cette activité, et de vouloir faire autre chose. J’avais en  parallèle un autre hobby : le textile. Pendant mes loisirs, je m’amusais à créer des marques, des logos, des tee-shirts pour des copains. Et j’ai donc naturellement transformé ma passion du week-end en métier. Je continue à me promener dans les forêts, mais les week-ends et dans la semaine je fais du textile… J’ai inversé la donne ! Je n’ai pas hésité à changer de vie pour devenir entrepreneur.

  • Les F.F.I : ce changement de vie a-t-il été facile ? 
  • N.G : J’ai commencé comme auto-entrepreneur en 2010. En  2014, j’ai vraiment créé ma structure La Crémerie Sérigraphie, ainsi baptisée car le premier local était basé dans une ancienne crémerie. J’en ai gardé le nom. J’ai recruté une première personne qui était encore en master de développement de société et qui, pour la petite histoire, est devenue la directrice de l’atelier. J’ai eu un mal fou à pouvoir acheter ma première machine. Je voulais faire du made in France, ce qui à l’époque n’était vraiment pas dans l’air du temps, ni dans les discours, ni dans les priorités des banques.

« Au départ, les banques n’ont pas cru à mon projet autour d’un textile made in France »

– Les F.F.I : Pourquoi cette volonté de faire du made in France ? 

  • N.G : Cela a très vite été une vraie conviction. Ma mère travaillait  dans une usine textile et je l’ai vue dans des mauvaises postures quand l’activité a été délocalisée. J’étais gamin, et cela m’a profondément marqué.  J’ai voulu inscrire, pour cette raison, de la proximité et du service dans ce nouveau projet professionnel.  Prouver qu’il était encore possible de produire en local même s’il y avait un prix un peu plus élevé à justifier. Je me souviendrai toute ma vie de mon premier rendez-vous bancaire où je me suis entendu répondre, du tac au tac : « Monsieur, c’est un métier à risque, il nous est impossible de vous suivre. » On se pose, alors, naturellement 36 000 questions. L’idée est-elle bonne ? Faut-il insister ?  J’étais animé par autre chose que l’argent, et, vous l’avez compris,  par des convictions fortes.

« J’ai travaillé dur pour développer mon projet, j’ai eu la chance aussi de faire de belles rencontres »

– Les F.F.I : comment avez vous pu, alors surmonter, ce premier refus ? 

  • N.G : la vie est faite de rencontres et il faut aussi avoir de la chance. Le premier financement, je l’ai obtenu par une entreprise qui finance des stocks dans des grandes surfaces. Elle m’a aidé à payer la machine qui m’a permis de me lancer. Puis, j’ai continué à investir dans des machines de broderie, avec toujours l’idée d’avoir un atelier intégré,  pouvoir réaliser des marquages et offrir le meilleur service possible. L’équipe est, assez vite, passée à 5 salariés. Les demandes étaient là, et j’ai proposé un nouveau service : celui de l’accompagnement des projets. J’ai vécu des années très compliquées. J’ai travaillé dur, jour et nuit, pour payer l’Urssaf, les traites. Mais le travail a payé, l’entreprise s’est vite développée avec une croissance de 30 à 40% par an.  En 2017, j’ai intégré la partie confection et développement de la marque le Maillot Français, spécialisé dans l’équipement du sport made in France. J’ai voulu faire des maillots différents que j’ai pu réaliser avec l’aide de la fondation Seaqual qui est spécialisée dans la collecte de déchets, tissus, matériaux recyclés. LCS/Maillot Français a été l’une des premières marques à fabriquer des maillots avec des tissus issus de matériaux recyclés, des plastiques principalement. Avec toujours ce souci de produire autrement et mieux. Ces matières sont retraitées en fil à moins de 200 kilomètres de chez nous.

« Je suis un véritable autodidacte »

  • Les F.F.I : quelle belle histoire !
  • N.G : Oui et je travaille ainsi aujourd’hui avec les collectivités, des clubs et des fédérations. – Rugby, foot, voile, etc.- J’ai plusieurs cordes à mon arc. Je suis un autodidacte, j’ai tout appris en lisant des livres, en visitant des usines, en m’appuyant sur des convictions.  J’ai été soutenu par des gens bienveillants qui ont des usines de tissage et de confection en France et qui m’ont fait partager leurs expériences. Cela a été dur, mais j’ai eu cette chance. On sort aujourd’hui 120 maillots par jour, soit environ 2 500 pièces par mois. J’ai ouvert l’activité à tous les sports, notamment à la voile-. On a des partenariats  dans ce milieu dont on est fier : on vient de signer avec la SSL Gold Cup qui équipe 55 pays dans le monde. Nous avons été retenus comme produit officiel de la Transat Jacques Vabre. Dans plusieurs sports, nous devenons différenciants et incontournables.
  • Les F.F.I : vous même, êtes-vous sportif ?  
  • N.G : J’ai joué au rugby. J’étais demi de mêlée et j’ai fini troisième ligne. J’aime tous les sports en général. 

« Avec notre nouvelle manufacture, nous allons doubler les équipes et tripler la production »

  • Les F.F.I : où en est votre entreprise aujourd’hui ? 
  • Nous sommes une équipe de 38 salariés.  Et nous avons été retenus dans le cadre du plan France Relance. On lance en janvier la construction d’une nouvelle manufacture avec un bâtiment éco-responsable qui va nous permettre de doubler les effectifs et de produire trois fois plus. Une première dans le Sud de la France.  Nous travaillons la qualité des produits pour monter en gamme. Nous avons aussi le projet d’être le fer de lance pour la structuration de la filière textile dans notre département – Pyrénées Orientales- qui passera pas la création de centres de formation destinés aux métiers de la couture en en collaboration avec la Région Occitanie et la Chambre de Commerce et d’Industrie des Pyrénées Orientales.  Nous y formerons nos futurs collaborateurs et nous l’ouvrirons  à toute la filière du textile.  Cette fois, les banques ont adhéré au projet sans sourciller… Nous avons reçu une subvention importante de France Relance et le soutien de la Région pour redynamiser le territoire.  C’est un pari osé. Nous avons investi à hauteur de deux millions d’euros. 5 commerciaux qui sont full time à l’usine, nous accompagnent et prospectent de nouveaux marchés. Nous nous positionnons également dans le maillot B TO C. Un maillot recyclé, 100 % made in France est déjà en vente sur la boutique du site Maillot Français, et nous sommes en discussions avec des distributeurs  A l’intérieur du maillot, il y aura, à chaque fois, la photo et le prénom de la couturière qui l’a fabriqué.  Je suis très attaché à valoriser et mettre en avant le travail des équipes et notamment celui de nos couturières.

« De belles choses à développer aussi à l’international »

  • Les F.F.I : avez-vous des projets à l’international ? 
  • N.G : on regarde avec de plus en plus d’attention et d’objectifs. Nous attaquerons ce dossier en 2023 avec un horizon bien établi pour 2024. Nous avons déjà commencé à travailler mais il nous reste des choses à faire en amont : traduire le site en anglais, notamment. Dans de nombreux pays, le maillot français est un gage de qualité mais les attentes ne sont pas toujours les mêmes. Nous devons adapter, parfois, nos gammes de produits.

« Je prends très à coeur ce rôle d’ambassadeur »

– Les F.F.I : Ce 8 décembre, vous devenez ambassadeur de la région de Perpignan.  Il s’agit du dixième club F.F.I en régions. Comment avez-vous rejoint notre mouvement ? 

  • N.G : Je ne connaissais pas les F.F.I mais je me suis inscrit par hasard à un petit déjeuner qu’elles organisaient au Rugby Club à Paris que je côtoie.  C’était en 2021.  J’ai été séduit par l’équipe, l’ambiance, les messages véhiculés. Dans la quasi foulée, j’ai été invité au MIF à Paris et Gilles Attaf m’a demandé de présenter le maillot français à un dîner F.F.I. Ce que j’ai fait avec plaisir. Les F.FI portent les valeurs que je défendais sur Perpignan. J’ai trouvé intéressant de me rattacher au club et de l’accompagner dans son développement dans ma région. Il y a de belles choses à faire ! J’ai la chance d’être élu à la Chambre de Commerce et d’Industrie des Pyrénées-Orientales, avec comme président Laurent Gauze qui partage le projet F.F.I.   Ma feuille de route consistera à appliquer les orientations nationales des F.F.I, à organiser, comme cela se fait dans les autres régions, des événements, des visites d’entreprises, à mettre en lumière  des gens qui produisent sur notre territoire du made in France et à valoriser les métiers. Tout cela est passionnant. Je souhaite aussi faire de la pédagogie dans les écoles. Les F.F.I, rien que le nom est fort ! C’est la force ! C’est la promesse de créer de l’emploi, valoriser les métiers, changer les schémas que l’on a eus pendant des années.
  • Les F.F.I : même exercice pour Gilles Attaf…
  • N.G : bienveillant, il est animé de convictions pour le made in France qui dépassent la normale.
  • Les F.F.I : Emmanuel  Deleau ?:
  • N.G :  j’ai les mêmes mots pour lui.  Comme Gilles et Laurent, il est aussi très convivial. Et son atout est d’être un catalan ! « 

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