Nicolas Donnaint parle avec les mains.

Et à force de les bouger, de causer, de contacter, de relancer, il réunit, tous les mois, plusieurs dizaines d’entrepreneurs du Nord de la France afin d’unir leurs forces derrière notre grande et noble cause : la réindustrialisation de la France.

Grâce à lui, des industriels employant des centaines de personnes, des cadres de grands groupes, des patrons de PME, des indépendants qui viennent de se lancer étaient avec nous, au dîner des Forces Françaises de l’Industrie, ce mardi 27 septembre, pour écouter Gaelle Colaert Doublet, Présidente du groupe Doublet. – Voir les photos de la soirée-

« Après plus de 150 ans d’existence, le groupe Doublet appartient toujours à sa famille fondatrice »

Le groupe Doublet est une très belle ETI familiale de la région de Lille et sa Présidente, est une femme intéressante tant par ses propos que par son parcours. L’entreprise, créée au XIXème siècle par l’un de ses aïeux fut notamment dirigée par son père puis co-dirigée par sa sœur et son frère. Son histoire en fait, à mes yeux, un cas d’école de développement vertueux

Je m’en vais vous expliquer pourquoi.

Après plus de 190 ans d’existence, le groupe Doublet appartient toujours à sa famille fondatrice ce qui, dans un pays qui a longtemps vu l’héritage comme une injustice à supprimer, est, hélas, une rareté.

Fabriquant initialement des produits utiles aux grandes cérémonies du culte catholique, notamment des bannières et fanions, le groupe Doublet a su se repositionner quand la France est entrée en crise de foi. Réalisant qu’il n’y avait pas loin du tissu d’une bannière religieuse à celui d’un drapeau national, ni du culte catholique à celui du sport et du divertissement moderne, l’entreprise est progressivement devenue un important fournisseur de mobilier urbain, d’objets permettant de gérer les flux de passants en ville ou de spectateurs lors de grandes manifestations, et de supports de communication en tous genres.

« Des fanions made in Ch’Nord »

Doublet fut ainsi un fournisseur remarqué des jeux olympiques de Londres, car oui mes amis, les fanions déployés partout dans les rues étaient made in Ch’Nord ! Cela fit d’ailleurs beaucoup jaser au pays de Sa Majesté, un peu agacé de voir l’Union Jack fabriqué au pays de Jeanne d’Arc et de Guillaume le Conquérant. 

Le supporter de rugby que je suis sait que les victoires sur les Anglais comptent toujours un peu plus que les autres. Alors rien que pour cela, Doublet a gagné mon éternel respect. Amen.

Ce contrat fut une jolie histoire, mais aussi une éclatante illustration d’un autre trait qui rend le groupe Doublet remarquable : sa capacité à s’adapter et à saisir les opportunités quand elles se présentent. 

« Je m’explique »

L’opération Jeux Olympique de Londres, ce fut des milliers de fanions et de drapeaux à déployer sur de vastes espaces, le tout en un temps record, pour un client d’une exigence… olympique. Cela demandait donc du personnel et un savoir-faire éprouvé qui n’était pas véritablement celui des équipes Doublet. Mais la famille du même nom avait compris qu’il fallait se positionner. Elle a alors rapidement organisé la montée en compétence nécessaire pour apporter une couche de service à son offre industrielle initiale, afin de satisfaire son client et de mieux vendre ses produits.

Aujourd’hui, elle a pérennisé cette activité et assume la servicialisation de son modèle d’affaires, ce qui équilibre ses sources de revenus, tout en me permettant de placer un barbarisme dans ma prose, et ça, ça impressionne toujours. Merci. 

Servicialisation… Trop de PME ou d’entreprises à forte culture technique hésitent encore à le faire. Pourtant, la conception d’offres de service adjacents à leur métier industriel permet de renforcer leur intimité avec leurs clients. Car le service implique des contacts humains quotidiens avec leurs donneurs d’ordres. Envoyer des collaborateurs piloter un événement, déployer un objet, faire fonctionner une machine ou pour toute autre prestation nécessite une immersion dans l’organigramme de son client. Il n’y a pas de meilleur moyen pour comprendre l’usage qu’on fait des produits que l’on vend ni d’identifier les moyens de les améliorer.

« Audace, sens de l’écoute et agilité »

Les entreprises industrielles qui se lancent dans ces activités peuvent espérer prendre une longueur d’avance sur celles qui se contentent de produire moins cher à l’autre du bout du monde. Souvent trop distants pour comprendre aussi finement l’évolution des besoins finaux, ces dernières perdent en pertinence et en capacité d’anticipation. La proximité peut ainsi compenser des coûts de fabrication plus élevés.

Je rencontre encore trop de militants du made in France qui opposent les prestataires de services aux industriels alors que les premiers sont d’excellents alliés pour défendre la valeur créée par les seconds et pour accroître la loyauté de leurs clients communs.

En attendant, voilà l’industriel Doublet embarqué dans des activités nouvelles. Par son audace, son sens de l’écoute, et son agilité, disais-je. Une agilité qu’elle a su créer en capitalisant sur les qualités de ses équipes. Car Gaelle Doublet est formelle : ce sont ses employés qui ont relevé le défi de Londres. Leur esprit de conquête, leur curiosité, leur volonté d’aller de l’avant, d’apprendre de nouvelles choses, de ne pas rester dans leur zone de confort, mais aussi l’expression de leur passion (pour le sport, en l’occurrence, mais cela aurait pu être pour d’autres sujets), se sont puissamment exprimés lors de cette belle victoire.

Gaelle n’hésite jamais à leur en rendre grâce publiquement. Et, s’il est évident que c’est la direction de l’entreprise qui a tranché, qui a, au final, pris la décision et le risque de s’investir dans un nouveau métier, elle l’a fait en confiance, parce qu’elle avait senti l’immense motivation de ses collaborateurs. Cette qualité d’équipe, son impact sur l’adaptation et le dynamisme de l’entreprise sont une fierté pour Madame la Présidente. 

C’est d’ailleurs le troisième trait de caractère important de l’héroïne de cet article : par une proximité de management, un partage permanent du sens de chaque grande décision, une excellente circulation de la communication ainsi qu’un investissement continu dans ce qui fait la qualité et la loyauté de chaque employé (exigence de recrutement, formation, conditions de travail, animation de la culture maison…) la famille de dirigeants du Nord est parvenue à inculquer l’agilité et l’enthousiasme dans chacun des services internes de son groupe.

Bravo Madame Doublet, bravo à vos prédécesseurs, bravo à vos équipes

Dernier détail cher à mon cœur amoureux de la culture française, Gaelle était d’une grande élégance vestimentaire pour venir nous rendre visite. Son allure distinguée et ses mots choisis avec soin ont forcé le respect de notre assemblée. Preuve que l’agilité n’est pas réservée aux jeunes pousses dont les dirigeants en basket font des cœurs avec les doigts sur leur compte Instagram. Et ça, ça m’a beaucoup rassuré, parce que franchement, en basket, j’ai l’air de rien…

Bravo Madame Doublet, bravo à vos prédécesseurs, bravo à vos équipes, et vivent les PME industrielles aussi modernes qu’elles sont enracinées.

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