On s’en souvient tous : la France n’avait pas eu assez de masques lorsque la crise du Covid a éclaté. L’ancien ministre de la santé Olivier Veran, a même fait son mea culpa dans un livre récent. – « Par-delà les vagues » aux éditions Robert Laffont- « Nous nous sommes trompés », a-t-il reconnu lors de sa sortie.

Alors qu’une huitième vague est annoncée, BFM TV vient de consacrer un reportage très intéressant sur ce marché « Made in France » : « La filière se cherche un avenir après la pandémie« .

Et les producteurs qui témoignent dans cette enquête ne cachent pas leur inquiétude. On utilise – à ce jour- moins de masques. De plus, selon, les professionnels de ce secteur interrogés, la commande publique serait insuffisante, et les Chinois, de nouveau très actifs, se tailleraient la part du lion.

« Des machines stockées dans des entrepôts »

« On ne peut pas les vendre, personne n’en veut ! »

En 2021, on comptait une trentaine de producteurs, capables de produire jusqu’à 100 millions de masques par semaine. Aujourd’hui la chaine de production du masque made in France tournerait à cadence réduite.

Charlotte Zweibaum, responsable qualité et associée au sein de KB Medica, une entreprise installée à Sartrouville, dans les Yvelines, dévoile dans ce reportage qu’une ou deux machines sont en activité permanente, contre dix machines au plus fort de la pandémie. Les effectifs, eux, ont été divisés par quatre depuis le début de l’année. « Il est difficile de dire comment vont se passer les prochains mois ».

Emmanuel Nizard  le patron du « Masque Français » qui est installé, lui aussi dans les Yvelines à Vélizy-Villacoublay fait le même constat : « Nous réalisons aujourd’hui 5% du chiffre d’affaires que l’on faisait pendant la crise sanitaire. On a deux choix : soit on ferme tout, soit on tente de garder un minimum de voilure. C’est cette dernière option que l’on essaie de tenir en ce moment ». Et de reconnaître que importations chinoises ont changé la donne : « On a répondu à tous les appels d’offre. Les acheteurs des entités publiques ont toujours privilégié le coût ». Les machines destinées à la fabrication des masques  ont été stockées dans un entrepôt. Les salariés sont désormais concentrés sur la fabrication de vélos électriques. « Nous n’avons même pas essayé de les vendre car personne n’en veut ».

Même déception, lorsque l’on évoque la commande publique, chez Franprotec. Cette société qui est implantée dans le Nord à Tourcoing, a investi sur des machines plus performantes en Allemagne et en Italie, capables de produire de grosses séries de masques, pour diminuer ses coûts de production et son prix de vente en bout de chaîne. Pierre Winter qui a remis six millions dans son usine de production, constate :  « Nous sommes très clairement déçus de la position de l’Etat, qui a promis beaucoup de choses, mais nous n’en avons jamais vu la couleur. Nous avons monté un outil moderne et performant et créé des emplois, mais il faut que l’Etat « tape du poing sur la table ».

La Coop des masques en liquidation judiciaire…

En Bretagne, la « Coop des masques » qui avait été créée sous le statut de société coopérative d’intérêt collectif (SCIC, qui associe collectivités, salariés, associations, citoyens et entreprises), a été placée en mars derniers en redressement judiciaire treize mois seulement après le lancement de la production. La structure qui est basée dans la zone industrielle de Grâces près de Guingamp (Côtes-d’Armor) avait investi 3,5 millions d’euros pour une machine de fabrication de meltblown, le papier filtrant au cœur du masque. La production n’a pas pu débuter faute d’acheteurs. Comme le rappelle BFM, « au début de la pandémie, il n’en restait qu’un seul producteur en France pour cette activité : le gouvernement avait alors lancé un appel à manifestations d’intérêt (AMI) à l’intention des industriels pour encourager la reconstruction d’une filière française. Dix projets, dont la Coop des masques, avaient été sélectionnés et subventionnés à hauteur de 30% de leur investissement. Christophe Winckler avait confié au Télégramme : « Depuis huit à dix mois, on est confrontés à des difficultés financières. On ne nous a pas confié les commandes promises ». Le dirigeant de la société coopérative qui produit des masques chirurgicaux et FFP2. Le groupe veut garder « une lueur d’espoir » avec la modification des critères des appels d’offres dans les hôpitaux. « Désormais, l’origine européenne préférentielle, le tarif et l’impact environnemental doivent être pris en compte. On est bien placés sur ces trois critères. »

« On commence à sortir du masque… »

Période compliquée aussi pour Meltblo France, en Franche-Comté, qui fait partie de ces dix lauréats. Nicolas Burny explique :  « J’y avais déjà réfléchi avant la crise sanitaire. Je cherchais des investisseurs, mais ça n’intéresserait personne, on m’a ri au nez. »  Quatre millions d’euros ont été investis sur le site de Brognard, qui ont notamment été financés par des prêts bancaires personnels. Le meltblown qu’il produit n’est pas seulement destiné aux masques, mais aussi à d’autres produits de filtration :  « Nous sommes aujourd’hui dédié à 90% au masque et, progressivement, on commence à en sortir ».

Une huitième vague de covid semble se profiler. Le masque devrait aussi faire son retour en masse. Un rebond attendu pour cette industrie « Made in France » qui a le sentiment de traverser une nouvelle passe compliquée aujourd’hui…

Sources : BFM TV.

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