Bossuet avait raison. « Dieu se rit des hommes qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes. »

C’était au XVIIe siècle. Mais s’il revenait aujourd’hui, sans doute prononcerait-il la même formule…

Ce fatalisme passager m’a été inspiré par la récente déclaration de Patrick Pouyanné. Le PDG de TotalEnergies a en effet annoncé qu’il envisageait la cotation principale de l’énergéticien à la Bourse de New York. Cotation qui inquiète. Car elle ouvrirait la porte à une possible délocalisation de son siège aux USA.

Les raisons avancées sont techniques. Le capital de ce fleuron français, qui a été créé pour assurer la souveraineté énergétique de la France et sécuriser ses approvisionnements, ne va pas tarder à passer sous pavillon américain. Et les valorisations des groupes pétroliers sont bien meilleures à New York qu’ailleurs.

En réalité, pour avoir discuté, à plusieurs reprises avec des dirigeants de ce groupe, nous savons, aux FFI, que les raisons de ce basculement sont plus profondes.

Outre l’exaspération générée par les séquestrations et coups d’éclat de militants écologistes… Outre les tracasseries administratives qui font qu’on met toujours plus de temps à ouvrir un terminal gazier en France qu’en Allemagne… La pression que le législateur met sur les banques et fonds d’investissement afin qu’ils décarbonent leur portefeuille de participations monte.

Alors, pour se conformer aux postures vertueuses qu’on leur demande d’adopter, les actionnaires institutionnels de Total vendent leurs parts… À des fonds américains, trop heureux de mettre la main sur une si belle entreprise.

Mais qui s’en soucie ? Pas grand monde. Après tout, c’est pas bien le pétrole, alors bon débarras, non ?

Certes ! Mais alors quand on voudra que les bénéfices de TotalEnergies soient plus généreusement captés par l’État français (superprofits)… Quand on voudra s’assurer que les gros bénéfices du pétrole soient investis dans les énergies renouvelables… Quand on voudra le maintien des emplois des raffineries françaises malgré leur faible rentabilité… Quand on demandera un geste à notre pétrolier national lors de la prochaine crise énergétique afin que les Français payent moins cher à la pompe… On appellera qui ? Un groupe dont le siège social sera installé en Amérique ?

Pas sûr que nos demandes de citoyens capricieux et moralisateurs soient aussi bien comprises par des actionnaires texans que par les financiers français que notre législation pousse à se débarasser de leurs actions carbonées.

Le procès contre Shell en inactionclimatique avait pourtant montré que trop d’agressivité militante avait conduit la Hollande à se tirer une balle dans le pied. Il n’avait abouti qu’au déménagement du siège social du géant pétrolier à Londres. Une ville dont la législation post Brexit reste pro-climat. Mais dans des proportions visiblement moins dogmatiques.

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