Les producteurs de moutarde sont souvent tributaires du Canada qui fournit plus de 80%  des graines de moutarde nécessaires à la fabrication de ce condiment. Mais à cause d’une sécheresse historique l’an dernier, les cultures sont anéanties. Et la plupart des producteurs ont été très fortement impactés avec des ventes qui se sont effondrées. Sans parler des consommateurs qui ont de plus en plus de mal à acheter de la moutarde !

Le chiffre d’affaires devrait doubler en trois ans malgré la crise qui touche le secteur !

Une société française se frotte les mains et n’est pas mécontent de son choix. Martin-Pouret, basée à Orléans a pu vendre autant de pots de moutarde, environ 220.000, que durant toute l’année 2021. Et son chiffre d’affaires de 2022 devrait atteindre les 4 millions d’euros, le double de celui de 2019.

Cette à cette date que Paul-Olivier Claudepierre et David Matheron ont repris cette entreprise familiale fondée en 1797. Les deux hommes d’affaires, sensibilisés par les premières tensions dans ce domaine,  ont eu la très bonne idée de continuer à se fournir en graines à proximité de leur usine et de renforcer la collaboration avec des agriculteurs locaux. Elles sont toutes cultivées à Pithiviers chez un agriculteur.

 David Matheron : «Nous travaillons sur une semence adaptée à nos besoins et à notre terroir, aujourd’hui, sur une surface de 26 hectares. Moins forte que certaines autres graines, plus grasse aussi. En lien avec les caractéristiques que l’on souhaite donner à nos produits. En travaillant en local, nous nous affranchissons des fluctuations du marché. (…) Nous sommes dans une situation de pénurie nationale voire internationale. 95 % des moutardes vendues en France contiennent des graines de moutarde canadiennes. Dès fin 2021, le Canada a alerté les fabricants de moutarde pour les prévenir qu’il ne serait pas en mesure de répondre à la demande. Nous sommes les seuls à utiliser 100 % de graines de moutarde françaises. Notre objectif aujourd’hui, notre charte même, c’est de continuer à avoir un sourcing français.

Un travail avec un semencier est en cours pour déposer l’an prochain une graine adaptée au Val-de-Loire. 

Martin-Pouret  qui réalise 60 % de son chiffre d’affaires avec les grandes surfaces a même entre février et avril accepter de les fournir davantage pour que leurs rayons ne soient pas en rupture de stock.

David Matheron :  « Nous avons pu développer notre maillage en matière de distribution. Cette opportunité nous a permis de toucher de nouveaux publics qui ont ainsi pu découvrir notre marque. Nous espérons les fidéliser ».

Et de préciser : « Notre entreprise est réactive et est moins dépendante d’éléments exogènes et nous sommes aujourd’hui en capacité de répondre à un besoin mais jusqu’à un certain point ! Nous avons reçu, fin mai, trois mois de commandes en une semaine ! (…) La pénurie actuelle nous permet d’entrer plus facilement et plus rapidement que prévu dans certains réseaux de distribution. Nous touchons ainsi des acteurs que nous n’aurions jamais touchés. Des personnes qui n’auraient peut-être jamais découvert nos produits, qui les goûtent et que l’on conquiert grâce à leur qualité. »

Un travail avec un semencier est en cours pour déposer l’an prochain une graine adaptée au Val-de-Loire. 

« Il s’agit d’étoffer les sources d’approvisionnement, en plus de l’agriculteur de Pithiviers fournissant aujourd’hui l’intégralité des graines avec un contrat lui garantissant une rentabilité minimum quels que soient les aléas de récolte ». 

« Notre chance est d’avoir été depuis des années dans une démarche de proximité »

Le retour en masse dans les rayons des moutardes à base de est lui  prévu plutôt fin 2022- début 2023. Il devrait faire reculer la demande de 20 à 30 % par rapport à ce qu’elle est actuellement. Mais la direction de Martin-Pouret reste confiante. La bonne tendance au niveau de la moutarde se maintenir et l’entreprise veut aussi continuer à se développer dans ses deux autres spécialités, le cornichon et le vinaigre. « Notre moutarde est une porte d’entrée qui va nous permettre de faire connaître notre vinaigre, notre signature. (…) Notre objectif est de remettre le vinaigre de vin sur les tables. » 

Martin-Pouret  n’est pas en manque de projets : la société produit un ketchup français et lancera en 2023 des pickles conçus avec une ancienne participante de « Top Chef », Chloé Charles, puis de mayonnaises. 

Et tout cela avec une mentalité 100% made in France. « La force de Martin Pouret, c’est d’avoir été depuis des siècles dans une démarche de proximité qui lui offre un véritable avantage concurrentiel aujourd’hui. Plus on internalise, plus on maîtrise et moins on est impacté. Personne ne pouvait imaginer que l’on connaîtrait ce genre de pénuries aujourd’hui. Les acteurs du marché sont tributaires d’éléments exogènes qu’ils ne maîtrisent pas. Nous sommes entrés dans un environnement agroalimentaire incertain et on avait oublié que cela pouvait arriver. Il faut retenir cette leçon et avoir en tête que des petites alertes sur de la moutarde (qui ne remet pas en cause la capacité d’une population à se nourrir) laissent présager des avertissements plus conséquents ailleurs. »

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