Chères résistantes, chers résistants, chers soutiens.

Ce week-end, j’ai fait un rêve étrange.

Le genre d’histoire peu cohérente, mais dont certains éléments étaient tellement crédibles que j’avais l’impression d’être plongé dans la réalité.

Comme je ne savais pas trop à qui en parler et que vous êtes là, face à votre écran sans rien faire, je m’en vais vous le raconter.

Le rêve commençait par moi, regardant une chaîne d’info en continu

Un journaliste qui avait mon visage allait et venait sur les terres inondées d’un village.

« La catastrophe a été évitée de justesse hier soir, disait-il d’une voix grave. Une cinquantaine de militants écologistes ont été surpris par la brusque montée des eaux du fleuve Charente. Tous campaient depuis plusieurs semaines aux abords d’un terrain sur lequel devait être construite une bassine géante. »

On voyait ensuite témoigner Théo et Jean-Raphaël, deux étudiants en master de décroissance économique et membres du « collectif climat oui, capitalisme non ».

« Nous occupions le terrain afin d’empêcher la construction. Tout se passait bien jusqu’à la crue de cette nuit. On n’a rien vu venir… »

Leur combat : « Lutter contre l’appropriation des ressources en eau par les agriculteurs de la région. »

« Ils privatisent l’eau dans le but d’irriguer leurs cultures intensives pendant les mois d’été. L’eau est un bien commun qui se raréfie », expliquaient ces deux jeunes manifestants du 11e arrondissement de Paris.

La suite de mon rêve était encore plus bizarre. On y voyait une jeune femme de 17 ans emmitouflée dans une couverture de survie. Ses cheveux, encore mouillés, encadraient un visage qui ressemblait à celui d’une de mes filles.

« C’est quand même fou que ce soit à nous, qui ne connaissons rien à l’agriculture et qui n’avons aucun lien avec la ruralité, de faire la leçon à ceux dont c’est le métier. Ils vivent à la campagne depuis des générations ! Ils devraient savoir que la sécheresse s’intensifie. »

« Tout aurait pu mal tourner si la gendarmerie n’était pas intervenue rapidement, poursuivait le journaliste. »

« Quand on a vu arriver les flics sur leurs bateaux, expliquait Jonathan, 38 ans, étudiant en deuxième année de sciences du vivant, on a d’abord cru à un assaut. J’ai donc cherché des cocktails Molotov. On en a toujours un petit stock prêt en prévision d’une intrusion de paysans fascistes. J’ai couru vers le dépôt, mais les cocktails étaient sous un mètre d’eau. Inutilisables. Alors, évidemment, je me suis rendu. »

Puis vint le tour du maire de la commune, à qui le journaliste demandait, d’un ton inquisiteur, pourquoi il n’avait pas prévenu ces jeunes du danger.

« Je me suis rendu sur place pour tenter de les raisonner. Mais quand j’en suis arrivé à leur dire qu’on savait bien, dans la région, que les cours d’eau sont souvent en crue en cette saison, ils m’ont traité de boomer climatosceptique. Une jeune femme m’a même pourchassé jusqu’à la sortie du camp en hurlant des slogans contre le patriarcat. Plusieurs m’ont dit qu’ils avaient de la famille juges ou avocats en ville et qu’ils allaient m’attaquer pour violence verbale. Je ne veux pas d’ennuis, moi, vous comprenez… »

Les habitants alentours ont proposé d’héberger les activistes le temps que leurs parents viennent les chercher.

Mon rêve prit fin sur un drôle de dialogue entre Philippe, membre de la FNSEA, l’instituteur, qui passait par là et quelques activistes.

Philippe, qui voulait manifestement faire passer quelques messages, rappela que c’était « justement parce qu’il y a trop d’eau en automne-hiver et pas assez en été que la commune avait décidé de construire des retenues d’eau ».

L’instituteur, quant à lui, essayait de saisir la démarche des jeunes. Il leur demanda pourquoi ils avaient décidé de manifester contre la sécheresse en pleine saison pluvieuse.

« Vous devez comprendre qu’avec le dérèglement climatique, il n’y a plus de saisons. Donc votre question est absurde ! » S’est-il vu rétorquer.

Il est alors parti en citant Hannah Arendt : « Chaque génération d’enfants est comme une invasion barbare que les adultes ont pour tâche de civiliser. »

« Visiblement, les adultes de la ville n’ont pas dû faire leur job ces derniers temps », rigola Philippe.

Je me suis alors réveillé, le souffle court. J’ai bu un grand verre d’eau, puis me suis rendormi, l’esprit apaisé.

Ça n’était qu’un mauvais rêve. Une telle absurdité ne peut assurément pas se produire au pays de Descartes et des Lumières.

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