« Bonjour monsieur l’ennemi, j’aurais besoin de vous commander des munitions pour vous faire la guerre. » Cette phrase vous paraît absurde ? Pourtant c’est à peu près la situation dans laquelle nos gouvernements de ces 30 dernières années nous ont placés. On me parle souvent d’État stratège. Beau concept, mais qui ne marche que quand il y a des stratèges à la tête de l’État.

J’écoute, depuis plusieurs semaines, les témoignages qui se déroulent dans le cadre de l’enquête parlementaire sur la perte de notre souveraineté énergétique. On y voit comment, en 40 ans, pour des raisons idéologiques hors-sol ou pour des calculs électoralistes à courte vue, nos gouvernants ont endommagé l’immense cadeau que trois générations de Français nous avaient légué : notre industrie nucléaire.

Eh bien, il semblerait que ce qui s’est passé pour notre industrie nucléaire se soit également passé pour notre industrie de défense.

Souvenons-nous…

Depuis la chute du Mur de Berlin et « La fin de l’Histoire » de Fukuyama, on était tous persuadés que la guerre en Europe, c’était bel et bien fini. Alors, à quoi bon dépenser de l’argent pour entretenir une armée qui, en plus, portait des symboles désagréables ? Ben oui, dans la symbolique du développement personnel à laquelle ressemblent de plus en plus les programmes de nos dirigeants :

Armée = tuer et tuer = PasTrèsBienveillantCommeConcept.

Et puis, des ennemis surarmés à nos frontières, on n’en avait plus vraiment besoin. Des ennemis, on s’en était fabriqué d’autres, plus près et qui faisaient moins peur. Il y avait le voisin qui chasse, le cousin bobo qui fait du vélo en centre-ville ou le tonton aux blagues sexistes. Des ennemis qu’on pouvait d’ailleurs insulter sans craindre vraiment pour notre intégrité physique, ce qui était pratique.

Dans notre indifférence coupable, nos gouvernants ont baissé les budgets militaires. Les industriels se sont résignés : devant la baisse de la demande et l’augmentation des coûts, ils ont fermé de nombreuses usines françaises.

Adieu souveraineté nationale

Et après 30 années de disputes sociétales passionnantes, voilà que le camarade Vladimir se met à envahir l’Ukraine. Il nous laissa fort dépourvus lorsque sa guerre fut venue…

On s’est alors rendu compte que l’armée française toute entière ne disposait que de 3 jours de munitions en mode « combat à forte intensité ». Bilan, en dehors de 16 canons César sans trop de munitions et quelques véhicules blindés un peu has-been, nous n’avons pas pu envoyer grand-chose pour combattre les méchants. Si, pardon, il nous restait nos immenses réserves d’indignation et de leçons de morale. Mais après observation, il semblerait que cela ne fasse pas gagner les batailles.

Heureusement, maintenant, tout ça c’est fini !

Le budget de la défense vient d’être franchement musclé et on rapatrie le plus vite possible les usines qui fabriquent nos armes et nos munitions.

Le mois dernier, on l’a fait avec notre poudre à canon (ouf!). On apprend cette semaine qu’une vingtaine de pièces indispensables à nos armées seront bientôt fabriquées à nouveau chez nous (ouf encore!). Ben oui… On avait confié tout cela à d’autres : Suède, Italie, Allemagne, Europe de l’Est… Pays avec qui on n’est pas fâché, mais dont certains pourraient être tentés de s’équiper en priorité avant de nous livrer, vu les dangers qui sont apparus pas très loin de chez eux.

Mais pardon. J’étais parti pour annoncer une bonne nouvelle : la France rapatrie la production de son matériel militaire. Et je me rends compte que j’ai passé plus de temps à critiquer nos errements collectifs. Je rappellerai, pour ma défense, qu’en tant que Français, j’ai constitutionnellement le droit de râler, même quand les choses vont objectivement mieux.

Donc, voilà.

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