Après une première expérience commerciale à Londres, Patrick Carret contribue à la structuration et au développement des ventes d’une entreprise française de fabrication de mobilier en bois pour les collectivités. Il rejoint ensuite une messagerie nationale de distribution de presse magazines pour laquelle il met en place des services complémentaires de livraison en profitant de l’essor d’internet au début des années 2000. Pendant 10 ans, au sein du numéro 1 des ressources humaines, il développe et déploie la politique de ressources humaines à destination des intérimaires avant de prendre la direction d’une école de production dans le Rhône.

Depuis 2018, il dirige la Fédération Nationale des Ecoles de Production, dont le réseau d’écoles devrait atteindre 69 écoles à la fin de l’année, contre 23 en 2018.

L’évaporation, « première source des tensions sur les métiers industriels ». Est-ce que vous partagez ?

Oui l’évaporation est un facteur majeur de tension sur les métiers industriels.

L’orientation vers les formations professionnelles est trop souvent un choix subi, et pas assez une décision mûrie. Si un déclic ne se produit pas au cours de la formation, les jeunes peuvent ne pas avoir la motivation suffisante pour poursuivre leur formation ou s’engager dans le secteur industriel.  Ce facteur s’ajoute ainsi à d’autres facteurs comme par exemple l’image dont souffre l’industrie et la méconnaissance des métiers de l’industrie, qui ne sont que trop rarement présentés aux élèves de collège.

Nous identifions trois causes: les bonnes personnes (orientation), les bons métiers (adéquation emplois-formations), les bons territoires (mobilité)… d’autres ?

Oui, oui, et oui !

Le volume de jeunes qui s’orientent dans les formations industrielles n’est pas en adéquation avec les besoins de recrutement par niveaux de formation et qualification. Les métiers techniques accessibles après une formation professionnelle courte par exemple niveau BAC et CAP n’attirent pas assez de candidats alors qu’ils offrent des rémunérations élevées dès la sortie (soudeurs, usineurs, métalliers, chaudronniers…)

Vos recommandations dans ce contexte ? 

Une grande campagne nationale de communication sur la valorisation de l’industrie et de ses métiers, (à l’image de l’armée par exemple) en insistant particulièrement sur la diversité des métiers, les niveaux de formation (de CAP à ingénieurs), et aussi des filières très différentes qui constituent la palette de l’industrie.

La campagne pourrait s’attacher à présenter la palette des métiers, depuis les métiers très manuels jusqu’aux métiers de conception, en utilisant des techniques traditionnelles jusqu’aux techniques les plus innovantes, que l’on peut aussi retrouver au sein de la même entreprise. La campagne pourrait également s’attacher à la mise en avant de parcours de réussite, en présentant des témoignages de jeunes ayant réussi des beaux parcours dans l’industrie.

Une action concertée des entreprises et des centres de formation pour multiplier :

  • Les visites d’entreprises à destination des jeunes, (dès le collège), et des enseignants et personnel d’orientation (pour leur présenter et leur expliquer les métiers),
  • Et les stages de découverte, sur un temps long, dans les centres de formation (dès la 6ème), pour permettre aux très jeunes de pouvoir « toucher la matière »,
  • Associer aussi les associations qui permettent la découverte des métiers (l’outil en mains par exemple) dès le plus jeune âge.

Associer bien évidemment les entreprises du territoire dans la définition des filières et niveaux de formation attendus sur leur territoire. Impliquer également les chefs d’entreprises dans le pilotage des centres de formation, pour que les formations soient en permanence adaptées à leurs besoins.

Disposer de centres de formation équipés avec le même parc machines que celles qu’ils utiliseront dans les entreprises pour lesquelles les jeunes sont appelés à travailler.

La valorisation des projets que vous menez dans le territoire 

Je pourrais citer de nombreux exemples mais parmi lesquels l’école de production Wood’Up , à Chateaubriant (Loire Atlantique  44) a été initiée par le service du développement économique de l’EPCI du territoire, qui a réuni les chefs d’entreprises pour recueillir leurs besoins en main-d’œuvre.

Les métiers du bois ont été rapidement identifiés comme étant pénuriques, et la communauté de communes a décidé de missionner un agent territorial pour porter le projet, en associant les entreprises, l’école supérieure du Bois, et tous les partenaires de la jeunesse du territoire (collèges, Mission locale, MLDS mission de lutte contre le décrochage scolaire, …).

L’école peut également compter sur le soutien de FIBOIS, et de la CCI.

Le bureau du Conseil d’Administration de l’association qui pilote l’école de production Wood’Up est constitué de 3 chefs d’entreprise, du directeur de l’école du Bois, de la Mission Locale).
Pour sa deuxième rentrée, l’école va accueillir 24 jeunes en 1ère année CAP menuiserie et construction bois, en plus des 12 jeunes scolarisés en 2ème année.

L’école de production La Fabrique à Villefranche sur Saône (Rhône 69) a été portée par un chef d’entreprise qui, après avoir visité une école de production, souhaitait en créer une pour « alimenter » son vivier de candidatures pour sa propre entreprise basée à Tarare dans le Rhône. La Fédération Nationale des Ecoles de Production lui a demandé de reconsidérer son projet pour le mettre en œuvre sur un territoire qui regroupe à la fois des entreprises du secteur industriel (usinage, comme son entreprise) et des jeunes en recherche d’une formation opérationnelle. Le chef d’entreprise a accepté le challenge et, en 12 mois, il a su convaincre, la ville, la communauté d’agglo, le département, la branche professionnelle (UIMM) et les entreprises. Les maitres professionnels ont ouvert les portes des collèges, notamment grâce au stage de 3ème pour accueillir plus de 30 d’élèves après 2 ans d’existence. Une jeune fille, en 2ème CAP CIP (conduite d’installation de production) a obtenu en juin la médaille d’or nationale au concours du MAF (meilleur apprenti de France).  

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