Que ceux qui pensent encore que les États-Unis sont le pays du libéralisme économique se réveillent. Car la dispute qui a lieu au Congrès américain, quand l’actualité géopolitique internationale lui en laisse le temps, est symptomatique du tournant qu’a pris ce pays.

« Le minimis, c’est le plus grand marché noir du monde, avec, étonnamment, la bénédiction du gouvernement américain »

À ma gauche, les sénateurs et représentants pro-industrie. Ils n’en peuvent plus de voir les colis en provenance de Chine passer sous les barrières douanières et inonder leur marché.

L’an dernier, plus d’un milliard d’entre eux n’ont pas payé de taxe. Ceci, grâce à une loi, appelée la « minimis », qui exempte les colis de moins de 800 $ de tout droit d’entrée. Or, la plupart des commandes générées par les applis chinoises Shein ou Tamu sont inférieures à ce prix.

Ce qui fait dire à Kim Glas, la patronne du conseil national des entreprises textiles que : « Le minimis, c’est le plus grand marché noir du monde, avec, étonnamment, la bénédiction du gouvernement américain ». C’était dans le Wall Street Journal, nous disent Les Echos.

Bref, d’une disposition faite pour alléger le travail des douanes submergées par le boom de l’e-commerce, le minimis est devenu le pire cauchemar de l’industrie textile américaine.

À ma droite, les partisans du libre commerce dont Brian Bourke. Ils soutiennent qu’il est important de favoriser les échanges. Supprimer ou réduire le montant du minimis serait, pour eux, un « retour en arrière ».

Cette formule que j’ai toujours considérée comme la marque de ceux qui n’ont plus d’argument, sonne d’une drôle de façon dans la bouche dudit Brian Bourke. Car ce monsieur est PDG de Seko Logistics, un géant qui gagne son pain grâce aux échanges, justement. Il a donc tout intérêt à les voir se développer. Tout comme Kim Glas, qui représente l’industrie textile, a intérêt à les voir se réduire.

Je vous fais grâce des arguments moraux échangés la main sur le cœur et le regard vers le lointain. Car les intérêts financiers des uns et des autres se cachent mal derrière ces grandes déclarations. On est loin des postures faussement « désintéressées » à la française où parler d’intérêt et de profit est encore mal vu.

Mais les Américains ça ose tout, c’est même à ça qu’on les reconnaît. Alors, les industriels sont montés au créneau, relayés par des élus qui sont ouvertement leurs soutiens. La presse, qui comprend que le business c’est important pour une nation et sa population, a relayé le tout. Et le débat est sur la table.

Ça a le mérite d’être clair. Sans doute devrions-nous nous inspirer des pratiques parfois primaires de ces Yankees toujours un peu rudes quand il s’agit de parler $. Car si nous n’avons pas un minimis à 800 $, le nôtre est à 150 €. C’est moins mal, mais ça fait tout de même des ravages.

Alors, chers élus, si vous pouviez un faire les Américains, sur ce coup, on vous pardonnerait de bon cœur.

Pour cette fois, je veux dire.

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