Gilles Attaf, président d’Origine France Garantie (OFG) et co-fondateur des Forces Françaises de l’Industrie – bien sûr, patron de Belleville..-  était ce matin l’invité sur BFM de Good Morning Business, une émission qui était présentée par Audrey Maubert et Christophe Jakubyszyn. – Voir la vidéo – Avec le dynamisme et l’engagement qu’on lui connait, Gilles Attaf  a tiré la sonnette d’alarme sur la hausse de l’énergie qui impacte les industries françaises. Et ce à un moment, où l’activité repart. 

Voici le texte de son intervention décrypté : 

  • BFM : Vous êtes marqué par la hausse des prix de l’énergie qui touche vos adhérents : + 65% depuis le début de l’année et si rien est fait, alertez vous, cette hausse pourrait-flamber à 150 %

– Gilles Attaf : La reconquête industrielle que l’on sent aujourd’hui est dynamique. Il se passe quelque chose, les industriels ont envie de relocaliser et de de reproduire en France. Il y a vraiment une volonté qui est partagée aussi par l’Etat. Beaucoup d’outils ont été mis en place pour cette ré-industrialisation mais cette politique est en train d’être mise à mal par cette problématique énergétique. Nos adhérents, nous alertent : aujourd’hui, pour bon nombre d’entre eux, la situation n’est plus tenable. Je prends l’exemple de la marque de jeans 1083 qui payait 450 000 euros d’énergie par an. Elle doit payer 1,2 million ! C’est une vraie problématique. 

« Sauvons la bonne dynamique qui repartait »

La réindustrialisation est une bataille culturelle. C’est un enjeu national et de cohésion sociale. On tire la sonnette d’alarme, il faut vraiment faire des choses à court terme pour ne pas perdre cette dynamique qui était mise en place.

– BFM : ces entreprises vont-elles devoir faire des arbitrages qui peut entrainer à une baisse de la production  ou à des répercussions pour le consommateur ? 

« Nous appelons à des mesures fortes et rapides »

– GA : Oui et c’est pour cela que nous appelons à des mesures fortes et rapides sinon nous serons obligés de répercuter sur le consommateur avec les problématiques du pouvoir d’achat que l’on connait déjà ou cela passera par une baisse de la production. Le sujet n’est pas de moins produire.

Il faut que l’on retrouve l’atout que l’industrie avait en France :  c’était l’énergie. On avait un vrai atout de compétitivité sur l’énergie que l’on n’avait pas sur les impôts de production ni sur la fiscalité.

« Les entreprises doivent être rapidement soutenues pour passer ce cap »

Au delà, de rester dans la course nous devons faire un bond en avant ! Nous devons repasser devant tout le monde. Nous avons tous les moyens pour cela : l’innovation et la recherche. Il faut nous donner les moyens de pouvoir produire dans les conditions pérennes et sur le long terme. La vision à long terme est essentielle dans l’industrie.

– BFM : Qu’est ce que vous réclamez ?  Que comme pour les particuliers on plafonne les hausses de gaz et d’électricité ? 

– GA : Absolument !  On attend des mesures fortes et  rapides.  Les entreprises ont besoin d’aides et d’être soutenues aujourd’hui  pour passer ce cap.

  • BFM : Il y a des guichets d’aides destinés aux entreprises qui ont très dépendantes de l’énergie. Vous le savez ? 

– GA : C’est clair, mais c’est plafonné. On veut des mesures de grande ampleur qui peuvent bénéficier à tous les industriels qui ont besoin d’énergie pour produire. Produire est le vrai sujet . On nous a vendu un pays sans usines pendant 40 ans, la France deviendrait alors un pays de services. Elle ne l’est pas devenue. Pour casser cette diagonale du vide, pour retrouver la cohésion sociale, cela passera par l’industrie. L’ascenseur social passe par l’industrie.

Malgré les aides, le compte n’y est pas.  Pour nous, ce n’est pas suffisant. Nous avons parmi nos membres des activistes de la ré-industrialisation qui ont envie de s’engager, qui ont envie d’accélérer la croissance. Qu’on nous donne une vision sur l’énergie sur le long terme ! 

‘L’industrie, c’est aussi l’ascenseur social. La vie »

Le « quoi qu’il en coûte » ? Je ne demande pas  à ce que l’on ait une gestion de bon père de famille. Je veux une vision. Ne pas l’avoir sur le long terme sur cette problématique là peut coûter très chère. Le « quoi qu’il en coûte » doit aider les entreprises sur le long terme. Nous avons besoin de garder cette autonomie.  Cela passera par les territoires et les régions.

  • BFM :  Une baisse des impôts de production de 7 milliards d’euros a été confirmée, c’est important…

– GA : Encore une fois,  il y a des sujets qui vont vraiment dans le bon sens. Le plan « France Relance » est très dynamique, il y a une volonté de changer les paradigmes. On va, peut être, enfin sortir de la « Start-up nation »  pour la « PME nation » ! C’est ce ce que l’on porte avec Les FFI et j’encourage tous les entrepreneurs qui nous regardent de nous rejoindre C’est un formidable mouvement où justement on essaie de mettre en avant les PME. L’industrie, c’est la vie ! »

Le commentaire de Laurent Moisson

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L’intervention de NOTRE Président, c’était sur BFM Business !

On parle ici de Gilles ATTAF, bien entendu, qui était reçu sur Good Morning Business pour relayer notre tribune sur l’impact de la hausse du prix de l’énergie sur nos industries, petites et grandes.

Il a demandé des mesures urgentes et massives au Gouvernement afin de ne pas briser l’élan prometteur de réindustrialisation qui s’accélérait jusqu’alors.

La France, a-t-il rappelé, était jusqu’ici connue pour la stabilité des prix de son énergie, grâce à une souveraineté électrique rendue possible par notre parc nucléaire.

Malheureusement, l’indexation du prix de l’électricité sur celui du gaz et les arrêts, pour maintenance, de nombre de nos centrales, ont fait disparaître cette avantage compétitif.

Bilan, ce sont des centaines d’entreprises qui voient leur facture énergétique plus que doubler ! Elles ne pourront pas tenir longtemps sans répercuter ces hausses sur les consommateurs.

La désindexation des prix de l’électricité par rapport à ceux du gaz serait salutaire. Pour mémoire, elle a été décidée en Europe il y a quelques années.

Cette indexation, décidée à une époque où le gaz ne coutait pas cher, avait du sens dans les pays qui produisent leur électricité à partir de centrales thermiques (l’Allemagne, par exemple), le gaz étant souvent la matière première de leur électricité. Quand le prix d’une matière première augmente, il n’est pas étonnant que le prix du produit qu’elle contribue à fabriquer augmente également.

Mais ça n’est pas le cas en France où l’électricité est largement produite sans gaz, par des centrales nucléaires largement amorties (c’est d’ailleurs, parce qu’elles sont anciennes et amorties, que certaines sont en maintenance…).

Grâce à cela, le coût de production de l’électricité française est stable et reste faible. Il n’y a donc aucune logique à une augmentation de son prix : le coût de production reste bas, et la fermeture de certaines centrales ne justifie pas une telle hausse à elle seule.

Il y a sans doute quelque chose à faire sur cette bien curieuse indexation !

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