Chers résistants, chères résistantes, chers soutiens.

Attention, la lecture de cet édito est déconseillée aux personnes n’étant pas pourvues d’une bonne dose de second degré.

Je viens de lire quelque part que 59% des étudiants de Sciences Po se considéraient comme d’extrême gauche et anticapitalistes. (Ceci exclut les communistes qui croient en l’industrie, eux). Et sans vouloir effectuer des projections et des généralisations hasardeuses, on peut penser que c’est à peine moins dans les autres universités.

Alors, j’ai bien conscience de toucher à notre sport national (critiquer les riches et les grands groupes) en écrivant cette infolettre. Mais devant un tel constat, il me paraît urgent d’apporter un soutien psychologique à certains parents que de tels chiffres auraient plongés dans le désespoir. Mesdames et Messieurs, non, vous n’êtes pas seuls. Un tel échec ne peut être que collectif…

Je me suis donc lancé dans la lecture avide d’articles sur le sujet afin d’essayer de comprendre d’où viendrait ce mal et de trouver un bouc émissaire pratique.

J’ai commencé par vérifier les proverbes qui nous chantent que la radicalité des jeunes serait légitimement générée par un niveau d’inégalités anormalement élevé dans notre pays. Mais après approfondissement du sujet la France est le pays le plus redistributif du monde. Donc, ça ne colle pas. Les études du chercheur allemand Rainer Zitelmann affirment que la France est le pays où la jalousie sociale est la plus forte et ceci, visiblement sans raison objective. Aïe…

J’ai donc cherché sur d’autres voix et je n’ai pas vraiment trouvé. 

Il est d’usage, quand on ne trouve pas d’explication rationnelle à un phénomène qui nous inquiète, de se tourner vers des explications fumeuses et des théories du complot. C’est donc ce que j’ai fait. Et maintenant, j’en suis sûr ! On dit souvent que si l’état d’esprit des jeunes part à vau-l’eau, c’est la faute à l’Éducation Nationale. Eh bien, pas du tout ! Tout vient, en réalité, du poulet du dimanche.

Je m’explique.

Le poulet du dimanche… Vous savez ? Ce repas familial où l’on peut discuter avec nos enfants chéris. Le tout dans une ambiance chaleureuse propre à leur transmettre des valeurs qui feront d’eux des citoyens responsables. Des femmes et des hommes capables de reprendre le flambeau des valeurs universelles d’une France éternelle (hisser les couleurs, Marseillaise, patrouille de France).

Eh bien, nous, parents, héritiers de la longue tradition des Lumières, avons perdu le contrôle de ce canal de transmission culturelle vital depuis bien trop longtemps. Ceci sous l’influence des apôtres de la bienveillance qui nous ont conduits à adopter, vis-à-vis de l’agressivité des propos de notre progéniture, un niveau d’empathie que nos aïeux n’auraient pas hésité à qualifier de lâcheté.

Churchill a dit de Chamberlain après les terribles accords de Munich : « Il avait le choix entre la guerre et le déshonneur. Il a choisi le déshonneur et nous aurons la guerre ». Mais, que pèsent les conseils d’un grand homme face aux souvenirs de nos lectures sur la parentalité positive ?

Voilà pourquoi, las de nous faire traiter de boomers à la moindre tentative de recadrage, nous décidons bien souvent, face à nos insoumis adorés, d’opter pour la stratégie de l’apaisement. Elle consiste à :

  • Hocher la tête en plissant les yeux pour encourager notre interlocuteur à s’exprimer. Plissez encore un peu plus les yeux chaque fois que les formules « on marche sur la tête », « on va où là ? » ou « d’autres mondes sont possibles » sont prononcées.
  • À la fin de leur déclamation, marquer un silence approbateur. Il a pour but de souligner l’intense réflexion que génèrent les déclarations souvent simplistes et peu documentées que vous venez de subir. La prise de conscience que nous nous apprêtons à simuler pourrait paraître suspecte sans cela.
  • Juste avant qu’ils replongent leur nez dans leur portable, se lancer à notre tour dans une tirade mêlant les mots d’ « élite », de « grands groupes », de « banquiers » et de « riches ». Ne pas avoir peur d’être confus : La faiblesse d’un argumentaire ne choque jamais les convaincus. Ne pas oublier de ponctuer nos dires avec des formules de type « c’est toujours pareil », « comme par hasard » et « on ne peut pas ne pas », qui apportent toujours un zeste de crédibilité à un propos qui en manque cruellement.
  • Ne pas oublier, enfin, de verser le solde de l’argent du mois à ce jeune révolutionnaire : les sports d’hiver approchent et les stations de ski, de nos jours, ce n’est pas donné.

Et voilà comment, en laissant s’installer ce modèle de poulet du dimanche pendant des dizaines d’années notre vieux pays qui a bâti sa prospérité sur la puissance de ses usines est devenu désindustrialisé et anticapitaliste.

Chers parents, chers cuisiniers du dimanche. Nous comprenons votre angoisse à l’idée de devoir à nouveau vous faire respecter par ceux qui vous tyrannisent à coup de haussement de sourcil, de claquements de porte et de postures victimaires. Mais il est de votre devoir de leur dire que non… Les riches et les grands groupes (quand ils payent leurs impôts en France !) ne sont pas un problème. Ils sont même une partie de la solution. Il nous faut des entreprises puissantes et des investisseurs fortunés pour rester un pays capable de financer ses solidarités.

Cette semaine, plusieurs nouvelles démontrent à quel point ils souhaitent s’impliquer dans notre politique de reconstruction de notre souveraineté.

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