Chère résistante, cher résistant, chers soutiens,

Nos fidèles lecteurs (de plus en plus nombreux !) nous pardonneront. Nous venons de déroger à l’une des clés du succès de cette infolettre : choisir un titre qui s’ancre dans l’actualité du moment.

Et c’est vrai que la tentation était forte de titrer quelque chose comme :

  • « Inondation à Dubaï : un collectif d’étudiants français attendu à la manifestation contre la construction de giga-bassines dans le désert. »
  • ou « Pluies diluviennes au pays des influenceuses, plusieurs chercheurs dépêchés sur place afin de voir si les implants en silicone flottent. »

Mais ayant reçu, ces dernières semaines, plusieurs messages de personnes qui pensent qu’en riant de notre époque nous décrédibilisons le sérieux de notre démarche, nous avons décidé de rester sages. Professionnels. Presque ennuyeux, même. En nous intéressant à un sujet beaucoup moins people : l’étonnant rapport qu’entretiennent les Français avec la finance.

Que ceux qui pensent que Le Monde est un journal crédible parce que ses articles sont rasoirs s’apprêtent à subir le choc qu’apporte habituellement chaque découverte jubilatoire. Car, pardon pour cette révélation brutale, il y a des littératures encore plus éprouvantes que celle du journal du soir : les ouvrages d’historiens.

lecture
Je joins ici la photo de l’une des 569 pages de l’ouvrage que je viens de commencer. Ceci afin de susciter chez vous un surcroît d’admiration pour moi. Parce que c’est vraiment écrit tout petit.

Il se trouve qu’issu d’un cursus universitaire où il fallait bien lire de tels livres, j’ai, très jeune, appris à en apprécier les phrases interminables couchées en typo 8 sur des pages sans images.

Celui dont je viens de terminer la lecture s’intitule « Une industrialisation à pas de tortue. France 1789-1914. »

Dans le style plutôt agréable pour le genre, Alain Lecaire y dresse quelques analyses et y pointe quelques traits culturels nationaux tout à fait éclairants. Des traits qui jettent, sur notre situation industrielle contemporaine, une lumière bien plus subtile que les grandes tirades qu’on peut lire aujourd’hui dans la presse. Sur la responsabilité de nos élites, du néolibéralisme, de l’européisme et de tout mot en isme en dehors de cyclisme.

Jugez plutôt.

Selon lui, deux éléments vont caractériser la bourgeoisie française du début du XIXe siècle par rapport à celle de l’Angleterre, pays où naît la révolution industrielle :

  • Si les privilèges de l’aristocratie française sont combattus par la Révolution, son modèle, celui de la rente et de la recherche de privilèges, est envié par la bourgeoisie de l’époque. L’historien Arno Mayer écrira d’ailleurs après la Révolution que « l’ambition suprême du bourgeois obsédé par l’ascension sociale et l’anoblissement n’était nullement d’assiéger ou de renverser la forteresse nobiliaire, mais d’y pénétrer ».
  • Les débuts de la République commencent avec un krach financier : La chute des Assignats. Ces titres en papier initialement créés comme une reconnaissance de dette émise par l’État en attendant la vente des biens confisqués à l’Église sont rapidement devenus une monnaie d’échange… Et l’objet d’une importante spéculation. La chute de leur valeur, puis leur disparition a traumatisé une petite-bourgeoisie qui va manifester, « tout au long du XIXe siècle, une méfiance vis-à-vis du papier monnaie et des banques de façon générale, même de la Banque de France ».

L’ouvrage d’Alain Lecaire insiste beaucoup, malgré quelques exemples bien connus (Schneider au Creusot), sur le déficit d’investissement de la bourgeoisie française dans ce qu’on appellerait l’économie réelle.

Au XIXe siècle, les banques qu’il décrit comme « peu aventureuses » s’adaptent à la méfiance de leurs clients pour les placements à risque. Elles proposent aux plus fortunés « des placements réputés sûrs (or, bons d’États) plutôt que des investissements risqués dans l’industrie. »

Je viens de commencer la lecture d’un autre livre, « Puissance et Faiblesse de la France Industrielle (XIXe-XXe siècle) », préfacé par Jacques Marseille.

Il explique à quel point le petit peuple de France partage les mêmes valeurs financières que son élite.

Enfants d’une Révolution qui leur a permis d’accéder à la propriété foncière, à la différence des Anglais, les citoyens français, très largement paysans à l’époque, vont s’accrocher bien plus longtemps à leur terre qu’outre-manche.

Notre passion pour l’immobilier vient sans doute de là. Nous sommes :

  • Plus prêts à nous endetter lourdement pour posséder de la pierre que nos voisins.
  • Mais moins enclins à investir dans l’industrie et l’entrepreneuriat en général qu’eux.

Il y a pourtant des époques où les choses ont bougé. On l’a vu sous l’ère Pompidou. On l’a vu avec l’apparition des startups qui ont généré une passion populaire pour l’entrepreneuriat et l’investissement. On le voit également dans l’attitude paradoxale de tous les milieux sociaux face à l’attrait spéculatif du bitcoin.

Les Français peuvent se laisser convaincre par le risque.

À nous d’expliquer qu’il est plus utile pour notre nation de vivre l’aventure de l’investissement dans l’industrie, dans les PME et ETI de nos territoires, que dans de la cryptomonnaie.

C’est exactement pour cela que les Forces Françaises de l’Industrie, vont multiplier, dans les prochaines semaines :

  • Les prises de parole pour convaincre…
  • Les initiatives concrètes pour permettre à ceux qui le souhaitent…

… de flécher un peu de leur épargne vers le secteur productif qui ferait tant de bien à notre vivre ensemble.

Il faut 300 milliards pour réindustrialiser, disait un ancien ministre de l’économie lors d’un récent diner FFI. Il y a 2300 milliards d’épargne qui dorment sur les comptes assurance vie des Français.

N’y aurait-il pas, ici, matière à un salutaire « Y’a qu’à faut qu’on » ? Non ?

C’est dans cette optique que nous convainquons de plus en plus d’investisseurs, petits ou grands, à rejoindre nos clubs.

Nous aurons d’ailleurs l’honneur d’annoncer le ralliement de Largillière Finance aux FFI le 23 avril prochain. Son fondateur, Paul Bougnoux, accueillera notre soirée parisienne. Ce sera avenue Montaigne à partir de 19h00. Inscription ici. Nous aurons aussi le plaisir d’y inviter tous les membres de l’association Origine France Garantie qui le souhaitent.

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L’ancien ministre Yves Jégo et Paul Bougnoux, fondateur de Largillière Finance

Juste avant dans l’après-midi, notre séance d’entre-aide, la Meute FFI, s’intéressera aux techniques de développement commercial. Attention, on sera en petit effectif, donc il n’y aura pas de place pour tout le monde. Inscription ici.

Nous parlerons également du financement des PME en notre club FFI d’Auvergne le 25 avril au soir. Ce sera en compagnie d’un industriel à l’incroyable réussite, Xavier Omerin.

Il a fait de sa société, dont le siège social n’a jamais quitté sa vallée d’Ambert, le leader mondial des câbles spéciaux. Il va nous parler de l’ouverture de sa 18e usine, dans le Puy-de-Dôme, où il lance la production de câbles destinés au marché prometteur des véhicules électriques.

Gilles ATTAF et moi-même y serons ! Ainsi que Yannick Cartailler et Pierre-Edouard MORIN Inscription ici.

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Xavier Omerin

Bref, on n’a pas fini de vous parler de finance… au service de l’industrie !

À bientôt pour de nouvelles bonnes nouvelles !

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