Quand on se sent bête, un dimanche d’octobre, il est toujours bon de lire Anaïs Voy-Gillis. On a l’impression, juste après, d’être un peu plus intelligent. Alors, afin que vous puissiez, vous aussi, connaître ce sentiment agréable, j’ai parcouru son dernier papier, paru dans Les Echos le 29 septembre. En voici un résumé. Forcément moins bien écrit que la version originale.

50% des personnes formées par l’éducation nationale aux métiers de l’industrie finissent par travailler dans des secteurs qui n’ont rien à voir

Cette chercheuse à l’IAE de Poitiers pointe un élément important de notre combat commun pour la réindustrialisation de notre pays : l’imaginaire. Sans lui, point de récit inspirant capable de susciter des vocations professionnelles. Point d’acceptation chez les populations locales dont les territoires s’apprêtent à accueillir des usines. Point d’appui sur nos projets d’implantation, d’élus locaux ou nationaux, toujours très sensibles, dans nos démocraties capricieuses, au qu’en-dira-t-on d’électeurs versatiles.

Les travaux de notre laboratoire d’idées FFI indiquent que 50% des personnes formées par l’éducation nationale aux métiers de l’industrie finissent par travailler dans des secteurs qui n’ont rien à voir. On forme des jeunes à des métiers techniques plein d’avenir et ils deviennent chauffeur VTC ou je ne sais quelle autre fonction à l’avenir beaucoup plus incertain.

Le manque d’envie

On peut, certes, se dire que le problème vient d’une mauvaise qualité du conseil en orientation. Mais on voit bien qu’il y a autre chose. Cette autre chose, c’est le manque d’envie.

Anaïs Voy-Gillis rappelle que l’industrie occupe une place importante dans l’imaginaire collectif occidental. Et c’est le passage d’une société du « faire » à une société du « faire faire » avec ses délocalisations massives qui a mené, en France, au découplage entre l’industrie et l’imaginaire de nos sociétés.

Les métiers techniques ont ainsi été dévalorisés. Ils sont aujourd’hui perçus comme un symbole d’échec scolaire et de relégation sociale. La chercheuse estime qu’aucune réindustrialisation durable ne pourra se faire si de telles images persistent au sein de nos populations.

Il est donc crucial de réinventer l’imaginaire autour de l’industrie. Un imaginaire qui est fait de récits, d’événements et d’images, dit-elle. Ces éléments jouent un rôle clé en offrant une perspective d’avenir à chacun. Une capacité de projection.

Les révolutions industrielles précédentes ont d’ailleurs été accompagnées par le développement d’une « industrie de l’imaginaire » spécifique qui a contribué à promouvoir l’industrie.

Comment allons-nous façonner le monde de demain ?

« Luxe, presse et édition sont associés à la première. Radio et cinéma sont associables à la seconde. »

Il convient donc d’inventer de nouveaux moyens d’associer à nouveau notre imaginaire collectif aux capacités d’invention d’une industrie renouvelée par sa 3ème révolution. Comment allons-nous façonner le monde de demain ? Comment allons-nous équilibrer notre développement avec le respect de l’environnement et la prise en compte des limites de notre monde ?

Ces questions doivent être posées et les réponses doivent être intégrées dans les récits qui offrent une vision d’un avenir désirable pour tous. La réindustrialisation ne peut se faire sans une compréhension claire de son rôle dans la société et sans la fierté de pouvoir rêver, créer et produire en France, termine la chercheuse.

Et voilà… on encore oublié de parler des punaises de lit ! La rédactions s’en excuse et vous promet une infolettre complètement dédiée à elles dès demain. Merci quand-même Anaïs Voy-Gillis pour cette analyse.

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