Des terres rares : quand la fourmi chinoise fait chanter les cigales européennes.
Décidément, nous n’en finissons plus de payer l’abandon de la politique de puissance établie par le général de Gaulle. Lui savait que, quelle que soit la noblesse de nos valeurs, nous ne pourrions les défendre qu’en maîtrisant les chaînes de valeur stratégiques.
Car sans souveraineté dans ces domaines, nous nous mettions dans une situation de dépendance telle vis-à-vis d’autres pays que la France ne pourrait plus être maîtresse de ses choix et de son destin.
Et, de nos jours, nombre d’entre elles sont bâties sur les mêmes matières premières : les terres rares. Sans elles, aucun industriel ne sait fabriquer de voiture électrique, de téléphone mobile, d’éoliennes ou d’armes modernes.
Dans les années 1980, nous maîtrisions toutes les technologies nécessaires à leur raffinage et en étions les premiers producteurs au monde. Or, nous avons décidé, l’écologie politique et ses grandes peurs (la radioactivité à l’époque) faisant son apparition, de renoncer à les produire en France.
Nous avons donc délocalisé nos hashtag#usines en Chine, qui en est aujourd’hui un producteur quasi exclusif.
Et, alors que l’Europe et les États-Unis essaient de monter le ton pour protéger certaines de leurs filières industrielles, Pékin a décidé de répliquer par un chantage aux terres rares.
Contrôlant, par exemple, 90 % de la production mondiale d’aimants permanents produits à partir de terres rares, la Chine vient d’annoncer un renforcement des contrôles à l’exportation sur plusieurs matériaux et technologies clés.
Déjà, plusieurs usines européennes ont ralenti leur production faute de licences d’exportation chinoises. Un article de L’Express révèle que seules 19 des 141 demandes auraient été approuvées cet automne. Selon l’hebdomadaire, des fournisseurs d’Airbus, sont ainsi obligés de payer plus cher des matières volontairement raréfiées. Ils voient donc leurs coûts exploser et leurs clients se désespérer.
Autre inquiétude : la Chine exige désormais des importateurs des informations détaillées sur leurs clients et l’usage final des produits.
Ceci ouvre la porte à un espionnage industriel de grande ampleur. L’Express y voit également un chantage sélectif, notamment contre nos entreprises de défense.
Bruxelles tente de réagir via sa législation sur les matières premières critiques. Elle fixe des objectifs d’autonomie d’ici 2030. Mais, dans nos pays d’extrême précaution, la mise en exploitation d’une mine prend huit ans : la dépendance reste donc totale à court terme.
En limitant ses exportations de terres rares, la Chine réduit la production d’industries stratégiques européennes. Elle allège ainsi ses problèmes de surcapacité et pousse l’Occident à faire des concessions sur d’autres secteurs.
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