Le 10 juin 2025, Patrick Pouyanné, PDG de TotalEnergies, a vivement critiqué la nouvelle réglementation européenne sur la finance durable. C’était lors du Paris Finance Forum, sous les applaudissements d’investisseurs français.
« J’en veux au régulateur qui a confondu transition et grand soir, en pensant que du jour au lendemain, on allait se débarrasser de toutes les énergies fossiles. »
Cette réforme exclut désormais des fonds ESG toute entreprise tirant plus de 1 % de ses revenus du charbon et plus de 10 % du pétrole.
Selon Patrick Pouyanné, cette approche risque de fragiliser des acteurs engagés dans la décarbonation.
TotalEnergies, qui est pourtant le groupe pétrolier le plus actif dans les investissements liés à la transition énergétique, est directement impacté.
Son PDG estime que cette vision binaire du « tout vert ou tout noir » éloigne les capitaux européens. Or, si nos capitaux sont soumis à cette mesure, les capitaux étrangers ne le sont pas. Ils peuvent donc en profiter pour acheter à bon compte les actions cédées du fait de cette contrainte aux fonds européens.
Son groupe est déjà détenu à près de 50 % par des fonds institutionnels américains. Du fait notamment des précédentes réglementations. Il va donc très vraisemblablement passer sous contrôle US.
Il avertit que si l’Europe perd ses investisseurs par idéologie, les entreprises iront naturellement chercher leurs financements ailleurs. Notamment à New York, en référence à une possible cotation de son groupe à Wall Street.
La réforme, censée lutter contre le greenwashing, pourrait donc, selon lui, produire l’effet inverse. Et pénaliser les entreprises qui investissent concrètement dans la transition. Cette pureté idéologique serait donc contre-productive.
Son message, largement applaudi, appelle à une finance durable plus pragmatique. Elle serait capable d’accompagner les grands acteurs énergétiques dans leur transformation au lieu de les en exclure.
Rappelons que TotalEnergies a été créée en 1924 par l’État français. L’objectif était alors de garantir l’indépendance énergétique nationale. Surtout vis-à-vis des compagnies anglo-saxonnes qui étaient alors largement dominantes.
Bref, encore un joli coup de nos moralisateurs Shadoks préférés.
Demain, notre club FFI de Clermont-Ferrand organise une soirée consacrée à l’industrie agroalimentaire. J’y serai. Vous allez voir qu’on est capable de prendre des mesures tout aussi étonnantes dans ce secteur-là également. Si vous êtes dans le coin, on vous y accueillera. Plus d’infos sur notre site.