Notre ministre de l’industrie semble décidé à sortir la Commission européenne de sa torpeur.

Constatant que :
– La Chine investit plus de 40 % de son PIB dans ses capacités de production et domine les marchés clés de l’industrie de demain.
– Les États-Unis captent l’essentiel du marché mondial du cloud ou de l’IA.

Il rappelle, dans Les Échos, que ces dépendances, numériques ou industrielles, sont devenues des armes géopolitiques. Et qu’elles menacent notre souveraineté.

Selon lui, l’Europe a laissé filer son avance sur des secteurs stratégiques où elle était pionnière il y a quelques années. Et où elle importe désormais quasiment tout de l’étranger.

La naïveté européenne a consisté à ne pas protéger ses marchés alors qu’elle imposait d’importantes contraintes de décarbonation à ses industriels. Ces derniers s’en trouvent aujourd’hui déstabilisés.

Les conséquences de cette erreur risquent de rompre « le contrat social de notre transition énergétique ». Car elles détruisent « des emplois liés aux énergies fossiles en Europe et laissent ceux liés aux énergies vertes être créés hors d’Europe. »

Il appelle donc à « affirmer une préférence pour la production en Europe ». En imposant des critères de contenu local dans les marchés publics, les aides publiques ou nos normes.

Il a rappelé sur BFM, par ailleurs, que certaines industries ont un rôle systémique. Elles doivent donc à tout prix être sauvées si on ne veut pas voir l’ensemble de nos chaînes de valeur s’effondrer.

C’est le cas de l’industrie lourde (chimie,acier).

« L’industrie chimique vit une crise existentielle comparable à ce qu’a pu être la crise des subprimes pour l’industrie financière. Le jour de la faillite de Lehman Brothers, on n’a pas fait un plan d’actions en disant qu’on se donnait un an pour adopter des mesures de correction. On a pris des mesures immédiates », disait-il vendredi.

Le ministre réunira lundi ses homologues de la nouvelle « alliance de l’industrie lourde » afin d’exercer une pression collective sur Bruxelles.

La situation est urgente. Cinq hauts fourneaux et cinq vapocraqueurs ont fermé en Europe depuis le début de l’année. Ceci alors que des sidérurgistes européens retardent leurs investissements et menacent de délocaliser. En raison :
– De coûts énergétiques et normatifs élevés.
– D’une concurrence étrangère déloyale qui entre librement sur nos marchés.
– D’un marché domestique qui s’effondre (automobile notamment).

En mars, la Commission avait évoqué des mesures de protection, mais rien n’a été concrétisé.

Le discours de notre ministre est juste. Mais en Europe, il le sait bien, ce ne sont pas les discours qui déçoivent. C’est la rapidité du passage à l’acte. Voyons si la pression qu’il met suffira à faire bouger les lignes.

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