À la tête de la société NG Biotech qu’il a cofondée avec son père et le docteur Alain Calvo en 2012, Milovan Stankov-Pugès incarne une dynamique industrielle forte dans le diagnostic in vitro. Alliant innovation, production locale en Bretagne et ouverture internationale, son parcours révèle les moteurs d’un entrepreneur déterminé à anticiper les crises sanitaires et à construire le futur d’une filière stratégique française.
Un entrepreneur aux racines internationales porté par la santé et l’innovation
Milovan Stankov-Pugès est né en 1984 à Barcelone, d’un père serbe et d’une mère catalane, et arrive en France à l’âge de 4 ans. Son père, pionnier français dans le domaine des tests rapides avec VedaLab (racheté par Abbott, anciennement Alere, en 2006), l’a fait baigner dans cet univers médical. “Petit, je passais mes après-midi dans les unités de production”, se souvient-il.
Pourtant, Milovan décide d’entamer sa vie professionnelle dans la finance à Paris, puis à l’international. Mais en 2012, ce projet familial le ramène en France et il décide d’allier ses connaissances commerciales aux connaissances scientifiques de son père et du docteur Alain Calvo pour cofonder ensemble NG Biotech.
Il est directement nommé président-directeur général de cette entreprise spécialisée dans les tests diagnostics rapides à Guipry-Messac (Ille-et-Vilaine).
Sous sa gouvernance, NG Biotech est passée d’une structure modeste, quelques centaines de milliers de tests par an, à une capacité de production s’étendant sur plusieurs lignes, pouvant atteindre plusieurs millions de tests par an, avec aujourd’hui une présence dans 70 pays.
Entreprendre pour le lien familial, l’expertise et l’urgence sanitaire
Sensibilisé à la fois aux enjeux cliniques, techniques et industriels, Milovan a voulu répondre à un besoin pressant : rendre les diagnostics plus rapides, fiables et accessibles.
Avant même de créer NG Biotech, les trois cofondateurs déposent un brevet sur la technique du multiplexage : capacité à détecter simultanément plusieurs virus et bactéries à partir d’un unique prélèvement.
Leur première création fut le test de grossesse sanguin. Destinée au départ aux urgences, cette technologie permet de révéler une grossesse en 5 min à partir d’un prélèvement au bout du doigt.
Par la suite, ils ont concentré leurs recherches sur l’antibiorésistance. “Certaines bactéries résistent aux antibiotiques, notre objectif avec ce test et de les identifier pour permettre aux médecins d’adapter leur traitement et de sauver leurs patients.” confie Milovan. L’antibiorésistance est responsable de 5 millions de morts chaque année. Selon les scientifiques, ce chiffre pourrait doubler dans les années avenir, d’où l’importance de développer les diagnostics, comme ceux de NG Biotech, pour limiter cette pandémie dite silencieuse.
Crise du Covid-19 : un tremplin pour NG Biotech
Lors du Covid-19, l’entreprise a vu sa croissance exploser grâce à la confection de tests antigéniques : multiplication conséquente de production (passage de 30 à 250 salariés), mise en place de nouveaux sites, accroissement du chiffre d’affaires (de l’ordre de 3 millions d’euros en 2019 à plus de 40 millions d’euros en 2021).
Mais cette envolée fut de courte durée, l’année après la crise a engendré de nombreuses pertes pour l’entreprise. “Nous avons dû nous restructurer en diminuant, entre autres, notre nombre de salariés, explique Milovan, aujourd’hui, nous sommes une équipe de 50.” Ce rebond leur a permis de retrouver l’équilibre dans un premier temps, puis de repartir dans une dynamique de rentabilité. Ils tournent désormais autour des 10 millions d’euros de chiffre d’affaires annuel.
Aujourd’hui, l’entreprise poursuit le développement de ses tests antibiorésistance. “Cet été, nous avons ouvert une filiale aux États-Unis qui réalise ces tests pour les animaux.”, nous révèle le PDG.
NG Biotech prévoit de passer à une production en continu, grâce aux trois-huit, afin de pouvoir produire 1 à 2 millions de tests par mois si nécessaire.
Un acteur clé pour l’industrie française et un modèle à suivre
Milovan Stankov-Pugès s’inscrit dans une logique industrielle qui répond autant à des besoins de santé publique qu’à des enjeux de souveraineté technologique. Dans un contexte où les capacités de diagnostic nationales ont été éprouvées, son entreprise démontre l’importance de combiner innovation, production locale, réglementation exigeante, et internationalisation.
Milovan Stankov-Pugès incarne une génération d’industriels français qui ne se contentent pas de suivre les vagues technologiques ou sanitaires, mais cherchent à les anticiper. Avec NG Biotech, il trace une trajectoire audacieuse : sortir des urgences, consolider sa position, investir dans la résilience, et affirmer le rôle de la France dans le diagnostic rapide mondial. Le chemin est encore long, entre défis réglementaires, concurrence internationale, et mutations technologiques, mais son entreprise dispose désormais des outils pour être un pilier dans ce secteur stratégique de la santé.
