Alléluia ! Elle l’a fait.
Alors que la France sombre dans son impuissance, Les Echos nous apprennent que l’UE, elle, a décidé de sauver ses producteurs d’acier.
On l’attendait sur la fastfashion et la lutte contre SHEIN qui dévaste nos marques de vêtements. Elle commence par l’acier. Espérons que ce ne soit qu’un début.
On en parlera avec Natacha Polony lors de notre soirée FFI parisienne, le 14 octobre prochain. (Inscription sur notre site). Mais, c’est un virage protectionniste inédit. Une rupture avec une doctrine libre-échangiste qui faisait du vieux continent le dernier dindon d’accords mondiaux que plus personne ne respectait.
Mais face à une hémorragie de production et d’emplois, Bruxelles va :
– Réduire de près de 50 % les quotas d’importation ;
– Doubler ses droits de douane.
Il y avait urgence. Car la production européenne est passée de 156 à moins de 130 millions de tonnes en sept ans. Le secteur a perdu 18 000 emplois directs et menaçait d’alourdir l’addition si rien n’était fait. L’acier, c’est tout de même 300 000 emplois directs et bien plus d’emplois indirects.
Ces mesures auront un impact limité sur les prix finaux. Stéphane Séjourné évoque une hausse moyenne de 3 % sur le prix de l’acier.
« C’est 50 € par voiture, 1 € sur une machine à laver. C’est le prix de la souveraineté », déclarait-il aux Échos. Un prix raisonnable pour préserver emplois et capacités industrielles.
Parallèlement, la Commission négocie avec Washington pour réduire les droits appliqués aux exportations européennes vers les États-Unis. Elle cherche ainsi, selon Les Échos, à faire front commun avec l’administration américaine contre l’acier chinois.
Sans doute pour consoler ceux qui pensent encore que c’est en fermant les usines européennes qu’on va protéger le climat des émissions de CO₂ chinoises, Bruxelles prévoit également :
– D’étendre le mécanisme d’ajustement carbone aux frontières (CBAM). Espérons qu’on ne réédite pas l’exploit du dispositif actuel, qui laisse entrer sans taxe les produits faits à partir d’acier étranger tout en taxant les produits fabriqués en Europe.
– De développer une énergie propre à coût prévisible afin de produire un « acier vert ».
– De réformer les marchés publics pour imposer des achats contenant de l’acier décarbonné et européen.
Il ne manque plus que l’UE revienne sur la folie éthique qui a fait plonger les deux gros marchés consommateurs d’acier européens : l’automobile et la construction. Car c’est bien de protéger la production d’acier. Mais c’est encore mieux de laisser vivre ceux qui en achètent.
En attendant, bravo à l’Europe ! Elle démontre ici qu’elle sert à quelque chose. À condition de lui mettre la pression pour qu’elle écoute davantage les entreprises que les idéologues qui l’ont si souvent conduite à prendre de mauvaises décisions.