Bonne nouvelle pour le climat. Mais mauvaise nouvelle pour ceux qui ne comptaient que sur l’argument environnemental pour protéger notre industrie des émissions de CO₂.
Un article des Échos nous apprenait hier que les émissions de CO₂ chinoises ont reculé d’1 % l’an dernier.
C’est la première fois (hors COVID). Ceci est essentiellement dû, selon le CREA (cité par Les Échos), à une montée en puissance rapide des énergies renouvelables et du nucléaire.
La Chine électrifie son mix énergétique tout en décarbonant son électricité. Ainsi, au premier trimestre 2025, la production d’électricité a généré 5,8 % de CO₂ en moins, alors que la demande progressait de 2,5 %.
À l’heure où la longue dispute entre pro-nucléaire et pro-ENR s’est rouverte chez nous, les Chinois, eux, ont tranché : Ils investissent dans les deux. À fond.
En 2024, ils ont ainsi installé plus de puissance électrique solaire et éolienne que le reste du monde réuni. Et plus de centrales nucléaires aussi.
Si les infos des Échos se confirmaient, cette accélération de la Chine dans la décarbonation de son industrie constituerait un sérieux cas d’école.
Car les politiques de transition chinoises et européennes sont très différentes.
La Chine a cherché à s’emparer du leadership mondial en matière de technologies de décarbonation avant de se lancer dans une politique punitive envers les énergies fossiles. Jusqu’à ce qu’elle en bloque le développement (avant 2030), le pays continue d’ouvrir des centrales à charbon. Bref, elle a décidé de polluer plus que quiconque aujourd’hui pour avoir les moyens de polluer moins demain.
L’Europe s’est, au contraire, dotée de la réglementation environnementale la plus contraignante. Elle a donc pris de l’avance dans la baisse de ses émissions domestiques. Sans se soucier assez de la capacité de ses outils industriels à suivre. Si bien qu’elle importe de plus en plus de produits… et de CO₂.
Hier, je suis intervenu au Conseil économique social et environnemental pour répondre à la pertinente question de Caroline NEYRON : « Réglementation, transition, même combat ? »
De mon point de vue, ai-je dit, le sujet n’est pas la réglementation, mais bel et bien la planification.
Notre passion pour l’empilement des normes nous a fait négliger leur indispensable pendant : Une politique industrielle disposant du temps, des protections (douanes, règlements…) et des moyens nécessaires pour atteindre nos objectifs environnementaux.
Le rythme de cette planification doit être volontariste, certes. Mais il faut caler le tempo de la hausse de nos exigences réglementaires sur celui de la transition industrielle. Et non le contraire.
Bref, il est urgent, pour éviter l’effondrement industriel, de réconcilier et de coordonner la norme et l’industrie au lieu de les opposer.