Selon Les Échos : « La Chine menace l’Europe d’un chantage à l’approvisionnement de sa filière batterie. »

On vous en parle souvent. Depuis 2010, la Chine se sert de son monopole de raffinage des terres rares pour faire chanter l’industrie européenne. Elle vient encore de faire monter la pression d’un cran.

Cela fait des mois que Pékin brandit la menace d’un contrôle accru des exportations de produits indispensables à la fabrication des batteries électriques fabriquées dans nos gigafactories.

Bruno Jacquemin, délégué général d’A3M – Alliance des Minerais, Minéraux et Métaux, qui regroupe les industriels des mines, nous en parlait le 12 novembre lors d’un déjeuner FFI lorrain. Le prochain accueillera, le 20 novembre, Tristan Rodriguez, dirigeant du Kramer Groupe, qui a racheté l’usine Jacob Delafon. (Inscription ici : FFI LORRAINE NORD).

La Chine peut se permettre ce chantage. Car elle domine toute la chaîne. De l’extraction à la fabrication des cellules et des cathodes. Dans certains domaines, elle est même monopolistique. Elle peut donc facilement assécher les usines de ses concurrents européens.

Ces derniers, séduits par les prix chinois, ont massivement importé leurs composants de l’Empire du Milieu, sans construire d’alternative crédible. Pékin leur tient donc la bride : le moindre incident diplomatique bloquera la production des véhicules électriques européens.

Ce déséquilibre est le fruit d’un glissement industriel que l’Europe a elle-même provoqué. Au tournant des années 1980-90, la France, leader mondial du traitement des terres rares grâce à Rhodia, raffinait encore la moitié de la production mondiale.

Mais l’accumulation de normes environnementales, la pression d’associations locales et la peur de la radioactivité ont rendu cette activité de plus en plus coûteuse. L’extraction et le traitement de l’usine de La Rochelle furent arrêtés. Les savoir-faire furent transférés en Chine, alors novice en la matière.

Les industriels chinois se sont alors appropriés les procédés chimiques complexes du raffinage, jusqu’à devenir les seuls capables de maîtriser l’ensemble de la filière. Aujourd’hui, ils se servent de cette domination contre ceux qui leur ont transféré les technologies.

Pour certains, la menace de contrôle des exportations est une chance déguisée. Elle révèle la nécessité absolue de reconstruire sur notre sol une industrie capable de maîtriser toute la chaîne de valeur. « C’est un plaidoyer pour accélérer l’intégration locale des batteries », a déclaré aux Échos Matthieu Hubert, secrétaire général d’ACC, coentreprise de Stellantis, Mercedes et TotalEnergies.

Mais cette ambition se heurte à la réalité. La hashtag#réindustrialisation coûtera cher. Elle exige des compétences perdues et se confronte aux mêmes résistances écologiques qu’hier.

Les Chinois le savent et proposent un marché faustien à l’Europe : leur ouvrir grand les portes du marché en échange de prix imbattables sur les batteries.

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