Cette ancienne assureuse pour marques de prêt-à-porter a lancé la Maison Alvana. Florence Boilleau confectionne de la lingerie et des maillots de bain en la Ville de Six-Fours les plages, près de Bandol.
Dans son ancienne vie, elle en a vu des marques mourir ou devoir quitter la France pour faire face à une concurrence étrangère de plus en plus déloyale.
Cela l’a rendue particulièrement sensible aux sujets RSE et made in France. Alors, quand elle a décidé, à 50 ans, de se lancer pour créer la marque dont elle rêvait, elle a mis ses valeurs en pratique.
À côté de chez elle, il y avait un lycée professionnel qui forme des couturières depuis 40 ans.
« Mais des couturières pour faire quoi ? », s’était-elle demandé avant de se lancer.
Notre pays, qui produisait jadis 40 % du textile mondial, n’est, en effet, plus capable que de fabriquer 3 % des vêtements que nous portons aujourd’hui. Tout le reste est fait ailleurs.
Elle a donc décidé de donner des perspectives à ces professionnelles diplômées. À leurs côtés, dans son atelier, on croise des ouvrières en réinsertion. Ensemble, elles prototypent, fabriquent, pour Maison Alvana et pour quelques autres.
Elles vendent en ligne aussi et livrent quelques boutiques. Pas les grands magasins, regrette-t-elle. Car ils demandent trop de marge pour quelqu’un qui produit en France. Mais il y a tout de même quelques jolies boutiques de la côte qui font l’effort de s’intéresser à sa marque.
Le problème, m’a-t-elle avoué, c’est que pour chacune de ces boutiques, il y en a des dizaines qui ont moins de scrupules.
Elles présentent des produits pourtant made pas loin, en provenance d’un lieu où on ne s’encombre pas de valeurs sociales, environnementales et morales. Ce lieu, c’est Prato.
Dans notre Europe qui fait peser tant de normes sur les épaules de ceux qui fabriquent encore chez elle, à proximité de Florence Boilleau, il existe une zone de non-droit.
Une enquête récente de la police antimafia italienne, dirigée par le procureur Luca Tescaroli, a révélé la mainmise des triades chinoises sur de nombreux ateliers clandestins de la ville. Ils y exploitent les migrants qu’ils font travailler 14 h par jour, 7 jours sur 7, à 3 € de l’heure.
Haut lieu de la manufacture textile en Europe, cet antre du made in Italy a vu s’installer 7 000 ateliers chinois.
Beaucoup d’entre eux travaillent officiellement pour de grandes marques (dans le luxe notamment). D’autres produisent pour un marché « parallèle ». Ils ferment et rouvrent pour échapper aux contrôles.
Il y a quelques jours, un article de Fashion Network signalait que la « guerre des cintres » que se livrent les triades avait fait une nouvelle victime. Un des esclaves modernes qui fabrique nos si jolies tenues d’été a été retrouvé mort, 6 balles dans le corps.
Alors, gare au made in Italy. Pour vos maillots, allez plutôt chez Florence Boilleau.