Chers résistants, chères résistantes, chers soutiens.
Le 21 novembre dernier, nous diffusions l’intervention que Christian Saint-Etienne avait faite la veille sur BFM. (Elle est consultable ici). Il y déclarait que la désindustrialisation de la France s’expliquait notamment par la médiocrisation du personnel politique qui était en cours depuis 25 ans.
Cet argument a fait réagir de nombreuses personnes sur nos réseaux. C’est pourquoi nous avons décidé de recevoir cet économiste spécialiste de l’industrie demain, lors de la soirée du club FFI Paris. Cela se passera dans les locaux d’Arkéa Banque Entreprises & Institutionnels. Les inscriptions sont ici.
Depuis ses déclarations, nous avons continué à ouvrir des clubs en région. 12 nouvelles franchises FFI ont ainsi vu le jour depuis le mois de septembre. 12 franchises qui sont autant de connexions directes avec la réalité du terrain, souvent bien différente du spectacle que nous servent les élus nationaux, comme l’a d’ailleurs précisé Christian Saint-Etienne lors de son interview. Car, alors que nos députés n’en finissent plus :
- De voter des avantages sociaux hors de prix à leur base électorale.
- D’ouvrir nos marchés à une concurrence mondiale qui ne respecte pas nos normes de production.
- D’adopter les postures partisanes dont ils pensent encore qu’elles vont mobiliser leur camp : taxation des riches, des entreprises, de leur transmission.
- De s’allier aujourd’hui à ceux qu’ils combattaient hier pour gagner encore quelques temps de mandat…
… l’action et le discours des élus de terrain nous sont apparus bien plus sains et réalistes.
Eux sont en contact direct des effets dévastateurs des politiques économiques et sociales que la France déploie depuis des décennies. Ils se battent pour faire aboutir les projets des PME qui les entourent. Le tout en devant s’excuser, bien souvent, auprès de leurs administrés, des positions et des votes de leurs confrères parlementaires à Paris, à l’Europe ou dans les ministères.
On voit toujours plus facilement le dogmatisme des autres. Personnellement, j’ai eu du mal à rencontrer le mien. Il faut dire qu’étant libéral et patriote dans un pays qui :
- A noyé, depuis bien longtemps, le principe de liberté dans la marmite de l’égalitarisme.
- Qui pense encore trop, malgré Romain Gary, que le patriotisme, ça n’est pas aimer son pays, mais détester celui des autres…
… je ne me suis jamais vraiment trouvé confronté aux conséquences néfastes d’une politique libérale, ni d’une politique patriote, vu que ni l’une ni l’autre n’ont été tentées ces 40 dernières années. C’est donc grâce à l’Europe et son principe de marché que j’ai pu constater les limites du concept de la concurrence libre et non faussée. Oui, le marché européen a ceci de cocasse qu’il permet :
- À ceux qui ne respectent pas nos règles du jeu de venir librement casser la figure de nos producteurs.
- Sans que ces derniers puissent leur rende la pareille sur leur marché domestique qu’ils ont pris le soin de protéger avant de venir conquérir le nôtre. En la matière, usines et fermes, même combat.
Quant au dogmatisme des autres, je le vois tous les jours à l’œuvre grâce à une politique française qui démontre avec passion que notre dirigisme moralisateur détruit plus qu’il ne protège. Mais, esprit de Noel oblige, je n’insisterai pas ici sur ses ravages. On m’a suffisamment dit que je n’étais pas assez gentil avec nos lecteurs de gauche.
Gardons donc en tête que le dogmatisme n’a pas de parti ni de couleur politique. Il guète tous ceux qui préfèrent garder une vision logique d’un monde qui ne l’est pas (logique).
En France, on s’intéresse beaucoup aux penseurs qui travaillent une vision large et cohérente de l’humanité. Mais beaucoup moins à ceux qui étudient patiemment les comportements humains face à nos vies de tous les jours. C’est dommage, car le pragmatisme, ce sens qui permet de percevoir la réalité à travers des constats parfois contradictoires, se niche bien plus dans les petites choses que dans les grandes idées.
Il faut lire Nassim Nicholas Taleb, Philip Tetlock, Carol Tavris ou Elliot Aronson pour s’en convaincre. Eux ont démontré que :
- Les humains défendent leurs erreurs tant qu’ils peuvent en éviter le coût.
- Le changement survient quand le déni devient plus coûteux que l’aveu.
- Les gens ne changent d’avis que lorsqu’ils ont quelque chose à perdre.
Plus proche de nous, Samuel Fitoussi a très bien vulgarisé certains de ces auteurs. Il a démontré qu’un de nos problèmes est que notre système hypercentralisé protège bien plus longtemps qu’ailleurs ceux qui décident à Paris des catastrophes que créent leurs erreurs dans nos territoires.
Trop loin du plancher des vaches, il faut hélas une révolte d’agriculteurs ou un épisode à la Gilets jaunes pour que nos dirigeants se réveillent. Et encore, leur premier réflexe n’est pas de se remettre en cause, mais d’envoyer la gendarmerie.
Heureusement, ça n’est pas le cas de nos élus locaux, probablement parce qu’ils sont, eux, « à portée d’engueulade ». J’ai pu m’en apercevoir lors des événements de nos clubs FFI en région et constater qu’un élu local de gauche partageait probablement plus de constats et de solutions avec un élu local de droite qu’avec la direction de son propre parti (pareil à droite).
Taquinant régulièrement mes lecteurs de gauche, je ne vous cache pas que je ressentais une légère appréhension en intervenant à Grenoble et à Blois à l’occasion des événements FFI de ce mois. Les ambassadrisseurs de nos clubs FFI (Emilie Le Douaron, Gaelle POUSSIN et Frédéric Veillon de la Garoullaye) avaient en effet invité leurs maires respectifs.
L’un étant Place publique et l’autre PS, j’avais peur que mon discours pro-business / pro-industrie, et donc pro-simplification, ne les pousse à dire que nous étions un mouvement néolibéral à tendance climatosceptique. (Je précise qu’Ambassadrisseur n’est pas une faute de frappe. C’est un nouveau mot inventé ce matin qui désigne les ambassadrices et les ambassadeurs de nos clubs FFI. Il a été créé pour démontrer que le souci d’inclusion appliqué au langage génère parfois des expressions ridicules).
À mon grand soulagement, il n’en fut rien. Et, à l’image d’élus locaux de droite qui n’en peuvent plus de voir les accords de libre-échange Franco-Européens démolir les agriculteurs et les PMI de leur région ; ils ont largement exprimé leur ras-le-bol face à l’avalanche de normes qui sclérosent leurs actions et entravent ceux qui produisent encore chez eux.
L’un d’eux m’a même avoué que, s’il considérait la défense de l’environnement comme l’une des priorités absolues de l’époque, il en arrivait à s’opposer aux délires de ceux qui, voulant en faire toujours plus, finissent par nuire à cette noble cause. Ben oui, si vous contraignez trop les PME françaises, déjà très vertueuses, pour qu’elles le soient encore plus, vous favorisez les grandes entreprises chinoises qui ne le sont pas du tout.
Bref, confrontés aux agriculteurs qui tombent, aux usines qui ferment, à peu près tous les élus, de droite et de gauche, en sont arrivés à la même conclusion : il faut reprendre le contrôle de la machine à réglementer et à taxer et y remettre de la mesure et du bon sens.
Je suis donc rentré de ma tournée en région avec cette certitude : il y a encore des élus de la République qui se battent pour que nos entreprises se développent. Il y en a même dans tous les partis. Malheureusement, ils sont peu écoutés par leurs états-majors, bien trop occupés à leurs calculs politiques.
Voilà pourquoi il est urgent d’inverser le sens de la diffusion des valeurs de notre société. Chez nous, il va traditionnellement :
- Des métropoles qui, via leurs universités, leurs médias et leurs sièges sociaux, théorisent une vision du monde cohérente mais fausse.
- Vers les zones moins denses, qui, n’ayant pas été consultées, reçoivent ces injonctions avec la perplexité d’une poule qui découvre un couteau.
La vérité et la concorde nationale se trouvant aujourd’hui bien moins dans nos métropoles méprisantes que dans nos territoires méprisés, nous, Forces Françaises de l’Industrie, avons bien l’intention :
- De continuer à développer nos clubs en région. D’autres ouvertures vont donc suivre.
- De tremper notre plume de contemplateurs de la vie industrielle et entrepreneuriale dans l’encre de nos villes moyennes et de nos campagnes profondes pour nourrir l’esprit des prochains dirigeants, qu’on espèrera plus préoccupés par le bien commun qu’aujourd’hui.