Des vêtements bon marché… mais bourrés de substances nocives
L’enquête publiée le 30 octobre 2025 par UFC‑Que Choisir (en partenariat avec des associations européennes) révèle un constat brutal : parmi 162 produits (chargeurs USB, jouets destinés aux tout-petits, bijoux) achetés sur Shein et sa consoeur Temu et soumis à des tests, 69 % ne respectent pas les normes de l’Union européenne et 57 % présentent un « risque réel » pour l’utilisateur.
Une majorité de vêtements contiennent des substances chimiques dangereuses pour la santé : phtalates, formaldéhyde, métaux lourds… autant de composants strictement encadrés par la réglementation européenne REACH. Résultat : en achetant un t-shirt à 4 €, le consommateur peut être exposé à des perturbateurs endocriniens, des allergènes ou des produits potentiellement cancérigènes. Des dangers invisibles, mais bien réels, d’autant plus inquiétants que ces vêtements sont portés à même la peau.
Une concurrence déloyale qui menace le Made in France
Au-delà des dangers pour la santé, Shein incarne un modèle économique radicalement opposé aux valeurs du Made in France. L’entreprise s’appuie sur un système de production éclatée et opaque, reposant sur des milliers d’ateliers sous-traitants en Asie. Les coûts de production y sont tirés vers le bas, au détriment des conditions de travail et de l’environnement. Contrairement aux producteurs français qui sont eux, attentifs à la qualité, à la durabilité, à la traçabilité et aux normes sociales et environnementales.
Cette logique de volume permet à Shein de casser les prix (parfois divisés par dix face à un vêtement fabriqué en France) sans supporter les mêmes charges sociales, fiscales ou écologiques. Pour les entrepreneurs français du textile, le choc est rude : comment rivaliser face à des produits vendus en ligne à perte, exonérés de TVA sous 150 €, et expédiés directement depuis la Chine ?
L’essor fulgurant de Shein, adoubé par des opérations marketing spectaculaires comme ce pop-up parisien, met en lumière un déséquilibre croissant entre consommation low-cost et production locale responsable. L’essor de plateformes d’ultra fast-fashion détourne donc des parts de marché à des entreprises respectueuses des standards français, ce qui pose une forme de concurrence déloyale vis-à-vis du Made in France.
L’impact environnemental et éthique d’un modèle à bout de souffle
Au-delà de la santé et des dangers pour le Made In France, un autre risque majeur émerge du modèle Shein : l’impact environnemental.
Chaque jour, la plateforme mettrait en ligne jusqu’à 10 000 nouveaux articles. Une cadence infernale qui nourrit la fast fashion et son cortège d’effets pervers : surproduction textile, déchets, émissions de CO₂ et exploitation humaine. L’année dernière, les émissions de carbone uniquement issues du transport des marchandises de Shein étaient de 8,52 millions de tonnes métriques d’équivalent CO2, soit une augmentation de 13,7% par rapport à 2024.
Des enquêtes journalistiques ont révélé des conditions de travail alarmantes dans certains ateliers partenaires : salaires dérisoires (payés environ 70 centimes par vêtements produits), journées de plus de 12 heures, absence de protections.force
Ce modèle jette une ombre sur le commerce équitable et les initiatives écoresponsables qui peinent à émerger face à l’appétit insatiable des géants du e-commerce.
Le consommateur, acteur du changement
Face à ces constats, aux Forces Françaises de l’Industrie nous rappelons l’importance de consommer en conscience. Privilégier un vêtement confectionné localement, c’est investir dans la durabilité, la qualité et l’emploi national. C’est aussi refuser un modèle fondé sur la délocalisation et le dumping social.
Quelques bonnes pratiques à réaliser avant tout achat :
-Vérifier la provenance, les labels, les engagements de la marque ou du vendeur.
-Privilégier les entreprises qui produisent en France et qui affichent transparence et respect des normes
-Être attentif aux prix trop bas : si c’est trop bon marché, c’est probablement que quelque part, on paye le prix autrement.
Acheter chez Shein profile des dangers tant immédiats (santé, sécurité) que structurels (industrie textile française, emploi, environnement). Alors que le BHV célèbre l’arrivée éphémère du géant Chinois, il est plus que jamais temps de rappeler à nos industries françaises qu’il faut convaincre les consommateurs que la qualité, la traçabilité, l’éthique ont un prix et qu’il est un gage de sécurité, de durabilité et de souveraineté industrielle.
Chloé Robert