Chers résistants, cheres résistantes, chers soutiens.
Parce qu’elle a donné trop de gages aux anxieux, aux envieux et aux prophètes de l’apocalypse qui ont voulu désarmer ses bataillons et ses entreprises, la France, jadis pourtant si fière, baisse aujourd’hui la tête face aux nouveaux empires. Alors, guettés par la honte, beaucoup d’entre nous s’agacent ou perdent espoir en la vitalité de notre peuple et de notre démocratie.
C’est précisément dans ces moments de doute que nous avons besoin de constater que beaucoup de Français ont encore du courage.
Le courage, vous vous souvenez ? Cette vertu sans laquelle nous renonçons à toutes les autres au premier haussement de ton du sort ou d’un adversaire. Eh bien il se trouve qu’elle est communicative. Alors, chers amis, même si en chaque Français se cache un passionné de politique, je vous invite à ne plus regarder nos partis et nos gouvernants. Ils y ont renoncé depuis bien trop longtemps, la remplaçant le plus souvent par de feintes postures et autres petites phrases qui ne font que la simuler.
Non. Pour trouver une source d’inspiration plus fiable, jetons plutôt un œil à ceux qui, quand nos chefs se couchent, continuent à se battre.
C’est le cas de nombreux chefs d’entreprise. Alors que certains élus se demandent à nouveau comment les alourdir un peu plus de taxes et de règles, ils luttent vaillamment contre des concurrents internationaux de plus en plus redoutables.
Hier, nous avons célébré Jean Reignier et son entreprise COMEARTH . Jean a choisi de lancer son activité de centre d’appel par la face nord. C’est-à-dire en l’installant en France plutôt qu’en off-shore, comme l’ont fait la plupart de ses concurrents. Son article est ici.
Aujourd’hui, rendons hommage à un autre résistant membre des Forces Françaises de l’Industrie. Vous constaterez, en lisant son portrait, qu’on peut se sortir de situations graves, sans jamais perdre son optimisme, ni son sens de l’humour.
Alors, sans plus tarder, suivez ma plume pour découvrir la passionnante histoire de Dominique LEFEIVRE, de Biscochoc et de la compagnie des cacaos du Pacifique. Juste après l’annonce de nos prochains événements.
N’oubliez pas nos prochains événements FFI
Arcachon La Plage aux Entrepreneurs affichant complet, nous pourrons nous retrouver :
- À Paris le 16 septembre. Nous commencerons par un afterwork réservé aux Business Angels et investisseurs de notre communauté afin d’étudier les moyens de mieux financer la souveraineté économique de notre pays. Les présentations de Skydrone Robotics et COSMYX, deux entreprises évoluant dans le secteur de la défense, seront suivies par notre diner mensuel. Inscription ici.
- Le 17 septembre, nous parlerons transmission d’entreprises (familiales ou non). Inscription ici.
- À Nice, le 19 septembre, notre Cercle FFI Alpes Maritimes recevra Philippe Veran, qui nous contera l’incroyable réussite de Biotech Dental Group, un leader mondial des prothèses dentaires et des aligneurs. Inscription ici.
De Biscochoc à la compagnie des cacaos du Pacifique. Une histoire de résilience.
Ceux qui ont survolé leurs cours de géographie diront qu’il n’est pas possible de vendre du cacao en circuit court à la Chine quand on produit en France. Parce que Pékin est très loin de Paris.
Mais ceux qui ont suivi leurs cours d’histoire les détromperont. Car avant d’être ce petit pays bloqué dont la voix ne porte plus, la France était puissante. Elle rayonnait alors sur toutes les mers du monde. Notamment dans la plus vaste d’entre elles : l’océan Pacifique. De cet héritage glorieux, nous avons gardé quelques îles. De véritables joyaux.
C’est sur l’une d’elle, en Nouvelle-Calédonie, que l’entreprise de Dominique LEFEIVRE s’est installée. Elle y fabrique un chocolat qui régale les marchés alentours, c’est-à-dire les grands pays d’Asie et d’Océanie.
Sur chacun de ces marchés, l’image du chocolat est diverse. Tout comme le sont les cultures culinaires. La gastronomie japonaise n’a, en effet, rien à voir avec les modes de consommation australiennes. La première voit le chocolat comme un produit haut de gamme. La seconde comme un produit populaire, implanté de longue date dans ses habitudes alimentaires.
Mais, si le Japon reste le plus gros marché d’Asie, l’Australie étant bien moins peuplée, c’est en Chine que les choses bougent le plus, ces temps-ci.
Comme au Japon, le chocolat y est l’objet de cadeaux ou d’occasions spéciales. On est ici bien loin de la consommation de masse. Mais avec l’élévation spectaculaire du niveau de vie des classes moyennes chinoises (merci à l’industrialisation) et le développement du goût pour les produits occidentaux, ce marché, tout en restant premium, se développe à grands pas.
C’est une aubaine pour les industriels européens. Car, oui, mesdames et messieurs, il y a encore des marchés où la Chine importe bien plus qu’elle ne produit. C’est le cas du chocolat qui reste une spécialité largement européenne… même si les fonds américains ont racheté beaucoup de nos plus grandes marques. (J’aime bien rappeler que si on n’investit pas dans nos PME, d’autres le font à notre place). C’est pour cela que Dominique LEFEIVRE a racheté, en 2015, l’entreprise Biscochoc et son usine.
Créée en 1979, Biscochoc a su marier le grand savoir-faire des chocolatiers français à une créativité plus exotique. Après avoir modernisé son usine et commencé à ouvrir de nouveaux clients, Dominique développe de nouveaux produits et développe son chiffre d’affaires.
Mais voilà. Le destin des êtres et de leurs entreprises est parfois percuté par les grands mouvements du monde. En 2020, on s’en souvient bien, arrive le COVID et ses confinements.
Face au danger, certains se calfeutrent. D’autres esquivent, pivotent et saisissent les opportunités du moment. Même avant la mise à l’arrêt du commerce mondial, les importateurs de la région souffraient de la distance, des délais et des contraintes liées à l’exportation en provenance d’Europe. Les containers qui mettent souvent 7 ou 8 mois pour arriver les obligeaient à stocker et à prendre des risques d’invendu qui pouvaient s’avérer coûteux.
Dominique l’avait compris. Alors, il a profité de la baisse d’activité de son marché local pour changer sa stratégie. Aux fèves venues de pays lointains, il a préféré les cacaos du Pacifique et a complètement réorganisé son approvisionnement. Vanuatu, Papouasie-Nouvelle-Guinée, îles Salomon et bientôt Fidji… Dominique n’a sélectionné que des plantations aux pratiques responsables.
Pour s’en assurer, ses équipes accompagnent les exploitants dans l’amélioration de leurs pratiques et de leurs conditions de travail. Biscochoc a même commencé à planter ses premiers arbres en Nouvelle-Calédonie, afin d’y développer une vraie filière agricole. Note pour les experts, la variété choisie est le criollo. Très vite, les choix de Dominique se sont révélés payants. Les importateurs de tous les pays de la région se sont tournés vers lui. Son chiffre d’affaires à l’export explose.
La nouvelle usine dont il avait lancé la construction en 2019 devait lui permettre de soutenir cette croissance. Elle devait ouvrir fin 2024.
Mais, voilà. En mai, les désaccords entre partis loyalistes et indépendantistes s’enveniment. Ils débouchent sur des émeutes. Beaucoup d’habitants sentaient les discussions s’envenimer depuis le mois d’avril. Et plusieurs appels à l’aide avaient été remontés dans les méandres de l’État français. L’embrasement était prévisible.
Mais les cérémonies des Jeux Olympiques occupaient alors l’attention des autorités. Les yeux du monde allaient se porter sur Paris. La réputation du pays et de certains hommes politiques allait en dépendre pensait-on. Alors, dans l’esprit des décideurs, pas question de dégarnir les bataillons de maintien de l’ordre de la capitale sous prétexte que la Nouvelle-Calédonie risquait « quelques troubles ».
Mauvais choix. Car cette fin de non-recevoir a laissé les événements de l’île dégénérer. Et les « quelques troubles » sont devenus de terribles émeutes.
Très vite, constatant le manque d’effectifs, des bandes prennent confiance. Du 13 mai au 15 juin, Nouméa bascule en situation de guerre. Les magasins, les bureaux, les usines brûlent les uns après les autres. Les pénuries apparaissent, le rationnement s’installe. Devant la gravité de la situation, le Président de la République lui-même se déplace. Et, constatant l’ampleur des désordres, et des dysfonctionnements de la chaîne d’information qui aurait dû alerter, il prend lui-même les décisions que ses services n’avaient pas prises. L’ordre est progressivement rétabli et la vie reprend son cours en Nouvelle-Calédonie. À Paris, personne n’a été démis de ses fonctions ni n’a démissionné. La routine, quoi.
Mais, pour Dominique, le mal était fait. Sa belle usine en construction est partiellement détruite ; quant à celle qu’il avait achetée en 2015, elle est partie en fumée. Disons que lui et ses voisins ont eu une expérience particulière de la « parenthèse enchantée » des JO. Malgré Philippe Katerine et les nombreuses médailles de nos champions.
Mais Dominique a certainement lu Kipling dans son enfance.
« Si tu peux voir détruit l’ouvrage de ta vie / Et sans dire un seul mot te mettre à rebâtir / Ou perdre en un seul coup le gain de cent parties / Sans un geste et sans un soupir »
Bon, des soupirs, il a dû en pousser quelques-uns… Mais il s’est effectivement mis immédiatement à rebâtir.
Dès la sécurité revenue, il a contacté les assurances, réactivé son équipe pour nettoyer, faire l’inventaire, récupérer ce qui pouvait l’être, et poursuivre, bon an mal an, son activité commerciale. Car, usine brûlée ou non, un marché n’attend jamais personne. Si Dominique voulait maintenir ses relations commerciales et ses parts de marché, il fallait qu’il livre ses clients.
C’est là où, dans ce grand malheur, est apparue l’une de ces lueurs d’espoir qui inspirent les résistants. Quand il a contacté, dépité, un de ses confrères de Nouméa dont l’usine avait été épargnée afin d’y produire ses tablettes et de maintenir un semblant d’activité de négoce, celui-ci a immédiatement accepté. Ce bon samaritain, c’est Henri Calonne. Il illustre parfaitement la solidarité qui devrait exister dans toutes les communautés entrepreneuriales de France. Je crois qu’on peut lui tirer notre chapeau.
Le reste des quantités nécessaires pour livrer ses clients est confié à un sous-traitant italien le temps que son usine soit à nouveau opérationnelle.
Dès septembre, la reconstruction s’engage. Puis de nouvelles machines sont commandées (56 semaines de délai pour venir de Belgique, d’Écosse ou d’Italie. Oui, certains pays européens savent encore faire des machines).
L’ouverture de l’unité de production est prévue fin octobre de cette année. Et, pour l’occasion, Dominique a décidé de rebaptiser son entreprise. Biscochoc s’apprête à devenir « Les Cacaos du Pacifique ».
Les machines en arrivage seront installées et testées jusqu’à fin octobre. Tout sera donc prêt pour l’ouverture officielle le 1er décembre.
Et, vous savez quoi ? Gilles ATTAF et moi serons présents lors de l’inauguration du 4 décembre. (Oui, il fera froid et nuit chez vous à ce moment-là. Alors, on a accepté l’invitation.)
Personnellement, j’ai hâte de découvrir cette usine de 10 000 m² dont les performances n’ont rien à envier aux meilleurs. Elle est productive ET responsable.
- Ses bâtiments sont HQE.
- Ils récupèrent l’énergie produite pour faire l’eau chaude nécessaire à son processus de production.
- Tous les espaces verts sont arrosés par l’eau de pluie récupérée et une partie significative de son énergie est produite par 1 200 m² de panneaux solaires.
- Une isolation au polystyrène lui permet de faire de grosses économies d’énergie. Ce qui est important, car il lui faut garantir une température à 18 °C pour produire le chocolat de façon optimale. (Sauf quand on le fait fondre). Alors, de l’énergie, il lui en faut.
Tous ces investissements lui permettent d’ajouter un nouvel argument commercial à sa marque.
« Avant on nous aimait pour la qualité et la provenance pacifique. Aujourd’hui on est très compétitifs. Donc on nous aime aussi pour le prix. »
Dominique a ainsi rehaussé ses objectifs. Il souhaite faire plus de 70 % de son chiffre d’affaires à l’export.
Alors, chers membres FFI, vous n’êtes pas fiers d’avoir un gars comme Dominique LEFEIVRE dans votre communauté ? Si ? Alors si vous voulez aller lui serrer la main pour l’inauguration, faites comme nous, venez célébrer le baptême de la Compagnie des Cacaos du Pacifique.