Chers résistants, chers résistantes, chers soutiens.

Après avoir assisté aux échanges budgétaires pour le moins désespérants quant à la capacité de notre classe politique à prendre conscience de la situation de la France, de son industrie et de ses entreprises, nous ne pouvions pas vous laisser partir à l’assaut des dindes, des bûches et des pires membres de votre belle-famille sans tenter de vous remonter le moral.

Et qu’y a-t-il de plus efficace pour se remonter le moral, pour s’offrir une petite tranche de bonheur, que de se faire des cadeaux ?

J’avoue avoir pris le proverbe auvergnat « on ne peut pas acheter du bonheur, mais qu’on peut acheter du fromage, ce qui est quasiment la même chose » comme une vérité absolue. Mais depuis que j’ai rencontré les merveilleux militants du made in France que sont les membres de l’association Origine France Garantie, j’ai compris que même les êtres frappés par la terrible malédiction que constitue l’intolérance aux produits laitiers peuvent accéder au bonheur.

Tout simplement en achetant des produits vraiment fabriqués en France.

Oui, j’ai écrit « vraiment » parce que dans notre univers de postures où certaines marques déclament leurs valeurs patriotiques sans jamais produire quoi que ce soit dans nos territoires, il devenait urgent de trouver une boutique qui nous assurait que notre volonté d’acheter français n’était pas trompée.

C’est aujourd’hui chose faite. La boutique d’Origine France Garantie est ouverte et elle n’attend plus que vous ! Cliquez ici pour la visiter.

Voilà pour nos cousins d’OFG.

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Quelques-unes des nombreuses marques que vous trouverez sur la boutique OFG

Côté Forces Françaises de l’Industrie, nous avons décidé de vous offrir un autre cadeau.

Celui, moins gai, d’une analyse lucide sur la situation industrielle de notre pays. Nous sommes donc heureux de vous proposer un résumé, agrémenté de quelques compléments personnels, de la passionnante intervention que le professeur Christian Saint-Etienne, titulaire de la chaire émérite d’économie industrielle au Conservatoire national des arts et métiers, a faite lors de notre dernier dîner parisien.

J’en profite pour rappeler aux membres de nos clubs FFI de toute la France que vous pouvez venir assister à tous nos événements parisiens. Sentez-vous libres !

Christian Saint-Étienne : La France n’a pas réalisé que nous étions entrés dans la troisième révolution industrielle.

Le 16 décembre dernier, le club des Forces Françaises de l’Industrie Paris était reçu par notre partenaire Arkéa Banque Entreprises & Institutionnels.

Lors de nos événements, nous aimons demander à nos invités pourquoi la France qui promet chaque semaine depuis des années de se réindustrialiser, n’y parvient pas.

Après un exposé éclairant de Paul Chollet, chef économiste du Crédit Mutuel Arkéa, sur l’environnement économique international, nous avons donc posé cette question à Christian Saint-Etienne.

Pour y répondre, ce dernier nous a emmenés visiter l’une de ces fulgurances françaises qui ont l’air si intelligentes sur le papier, si inspirantes pour le monde, mais qui finissent trop souvent en plantage collectif qu’on a du mal à reconnaître tant on s’y est accroché.

Selon cet économiste reconnu, le péché capital de la désindustrialisation française porte le nom d’un concept que nous connaissons tous : celui de la société post-industrielle.

À partir du choc pétrolier des années 1970, l’ensemble des pays développés entre dans un nouveau monde. Un monde où l’énergie s’enchérit, où l’URSS vacille avant de s’effondrer, où la concurrence asiatique se lève et où les frontières s’effacent pour accélérer la mondialisation.

Ces chocs successifs ont mis les nations qui avaient développé des États-providence à rude épreuve. La plupart ont alors décidé d’adapter leur modèle, devenu trop lourds et coûteux, afin de retrouver une compétitivité industrielle.

De Reagan, pour la version ultralibérale, à Gerhard Schröder, Jean Chrétien (Canada) ou Göran Persson (Suède) pour des versions plus sociales-démocrates, la plupart des pays développés considéraient encore l’industrie comme le pilier central de leur prospérité. Il s’agissait d’adapter les systèmes de solidarité nationaux afin qu’ils pèsent moins sur la compétitivité des usines afin qu’elle tienne le choc de la nouvelle concurrence mondiale.

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Paul Chollet au micro

La France, elle, n’a pas pris ce virage. Essentiellement parce que nous étions persuadés de l’avènement d’une société post-industrielle. Chez nous, a poursuivi Christian Saint-Etienne, l’entrée dans cette société n’a pas été subie, elle a été désirée par notre élite politique.

Le concept de société post-industrielle est apparu dès les années 1970 dans les cercles intellectuels, dans certains partis et chez quelques hauts fonctionnaires. Il devient peu à peu une boussole politique à partir des années 1980-1990. La désindustrialisation n’est alors plus présentée comme un problème, mais comme une transition naturelle vers une économie de services, de savoir, de culture et de bien-être. On parle de « montée en gamme », de tertiarisation heureuse, de fin du travail pénible.

Face à l’entrée en pratique de ces idées, le monde patronal s’insurge, crie au suicide économique. La CGT, quant à elle, hurle à la casse sociale. Mais, le dialogue social français n’ayant rien à voir avec celui qui régnait en Allemagne, dans leur dispute idéologique incessante, ni les patrons ni les syndicats ne parviennent à s’entendre sur les causes de la désindustrialisation ni sur les mesures à prendre pour remédier aux fermetures d’usines.

Devant cette cacophonie des principaux intéressés (patrons et ouvriers), même les partis de droite, après la défaite de Jacques Chirac en 1988, renoncent à combattre l’installation de la société post-industrielle dans les esprits. L’industrie était devenue le symbole de la conflictualité sociale, du passé, des conditions de travail difficiles.

La preuve : quand sont arrivées les 35 heures, incarnation absolue de cette philosophie, elles n’ont pas été retirées par les gouvernements de droite lorsqu’ils sont arrivés au pouvoir. Pourtant, l’Allemagne partait, au même moment, dans la direction inverse en allégeant sa réglementation du travail, creusant ainsi un écart de compétitivité avec l’industrie française qu’elle n’a jamais rattrapée.

Dans l’esprit des partis au pouvoir en France, le progrès social était devenu un objectif autonome, déconnecté de la base productive.

À ce moment-là, notre pays ne se pensait pas en retard, mais en avance. Il croyait avoir compris avant les autres ce que serait le futur : moins d’usines, plus de services, plus de temps libre, plus d’État social pour amortir la transition. La perte de compétitivité, pourtant réelle, est alors minimisée. La montée du chômage industriel est rationalisée, masquée par l’embauche massive d’agents du service public et par le traitement social du chômage. La question du capital productif et des conditions de son développement est reléguée au second plan. L’exil fiscal des investisseurs est nié. Le pays fait un pari intellectuel et moral : celui d’un monde où la richesse continuerait d’exister sans industrie forte.

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Gilles Attaf (FFI) et Catherine Gicquel le Gall (Arkéa)

Christian Saint-Etienne illustre ce virage français par le succès de librairie du livre de Jeremy Rifkin, The End of Work: The Decline of the Global Labor Force and the Dawn of the Post-Market Era (La fin du travail en français).

Publié pour la première fois en 1995, il soutient que la croissance technologique entraînera un déclin structurel des emplois traditionnels et qu’il faudra repenser le rôle du travail dans nos sociétés. S’il s’est également bien vendu dans de nombreux pays, c’est, du point de vue de Christian Saint-Etienne, en France qu’il a eu l’impact le plus profond, rassérénant les partisans de la société post-industrielle et retardant encore la remise en cause de leur vision du monde. Une vision du monde que Christian Saint-Etienne juge erronée.

Car, pendant ce temps, les autres puissances industrielles ont emprunté une toute autre voie : celle de l’entrée dans la troisième révolution industrielle (Rifkin en fera d’ailleurs un autre livre en 2013).

Après l’informatisation progressive qui suivit l’invention de l’ordinateur personnel dans les années 1980, les années 1990 voient l’émergence d’Internet. Si certains y voient la confirmation que « la société de la connaissance » va sonner le glas de l’industrie, c’est tout le contraire qui s’opère.

La France, culturellement mal à l’aise avec le capitalisme et persuadée que l’industrie appartient au passé, ne voit pas l’essor fulgurant d’un monde ultra-capitaliste et ultra-industriel.

J’ai lu l’article que Cécile Maisonneuve a publié dans L’Express, le 20 décembre 2025. Elle y présentait la politique américaine visant à sécuriser ses approvisionnements en ressources naturelles et les chaînes de valeur des industries critiques par des accords et des alliances tactiques à géométrie variable. En cela, la chroniqueuse appuyait les propos tenus par Christian Saint-Étienne lors de notre soirée.

Tous deux sont convaincus qu’à l’ère du numérique, et bien avant l’émergence de l’intelligence artificielle, le capital, l’industrie, la technologie et la politique de puissance se sont remis à avancer ensemble, à visage découvert.

Créer des systèmes d’exploitation, des infrastructures cloud, des réseaux de télécommunication, des usines de semi-conducteurs a nécessité des investissements colossaux, a insisté Christian Saint-Etienne. Cela a exigé la mise en place d’un capitalisme sur-vitaminé et d’une finance toute-puissante. Deux éléments dont notre culture économique et sociale se méfie spontanément.

Aujourd’hui, l’avènement de l’intelligence artificielle agit comme un révélateur impitoyable. Elle montre que l’économie moderne est tout sauf post-industrielle. Elle est hyper-capitalistique, hyper-énergivore, hyper-matérielle. Elle exige des usines, des mines, des quantités phénoménales d’énergie, des réseaux, des machines, des ressources, du capital, de la discipline productive.

Dans son article sur la « Pax Silica« , Cécile Maisonneuve va jusqu’à écrire :  » Les technologies critiques sont devenues des infrastructures de sécurité nationale. Celui qui contrôle les minerais, les machines, l’énergie et le calcul contrôle la puissance. »

Ceux qui ont continué à investir dans l’industrie et la technologie accélèrent. Ceux qui ont cru à la fin du travail découvrent qu’il n’y a pas de richesse sans production. Alors, ils s’endettent pour masquer, un temps, l’érosion de leur capacité à produire des richesses, à maintenir leur niveau de vie, jusqu’à ce que la dette devienne trop lourde et que les prêteurs cessent de prêter.

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Christian Saint-Etienne

La France paie donc aujourd’hui une erreur d’appréciation qu’elle continue à refuser de voir, nous dit Christian Saint-Etienne.

Elle croit qu’elle peut organiser la société avant d’assurer sa base économique. Elle croit que le progrès social peut précéder la création de valeur. Elle oppose croissance économique et protection de l’environnement, confond morale et stratégie, intentions et résultats. Le monde ne nous a pas suivis.

Nous pensions l’inspirer par la vertu de notre démarche. Aujourd’hui, celui-ci se moque de nous et nous marche sur les pieds. Il nous rappelle qu’il n’a jamais cessé d’être dur, stratégique, concurrentiel, conflictuel même. L’industrie est plus que jamais un outil de puissance dont se sont emparés ceux qui nous ont vus la déposer à terre.

Après quarante-cinq minutes d’un tel exposé, brillant, documenté mais pas vraiment porteur d’espoir, nous n’avions plus la tête à faire la fête. Il a fallu l’optimisme de Léonidas Kalogeropoulos pour nous redonner le sourire.

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Léonidas Kalogeropoulos auteur du livre « Les Entrepreneurs au coeur de la République »

Certes, nous avons commis d’innombrables erreurs, a-t-il dit. Certes, le spectacle offert par nos politiques lors du récent exercice budgétaire montre qu’ils n’ont toujours pas compris qu’on ne pouvait plus continuer ainsi.

Mais, constate-t-il, il y a chaque année en France plus d’entrepreneurs que l’année précédente. Jeunes ou plus âgés, nous sommes toujours plus nombreux à nous lancer, inventer, tenter, innover, prendre en main nos destins. Si l’État et la classe politique se sont égarés, la société civile et l’entreprise, elles, se sont développées et ont pris en charge des pans entiers de l’intérêt national.

Comme il le rappelle dans son livre (en vente ici et sur toutes les plateformes et librairies), l’État n’a pas le monopole du bien commun. Alors, à nous de relever le gant.

C’est sur ces notes d’espoir, succédant à un constat aussi lucide qu’implacable, que s’est achevé notre dernier événement FFI de l’année.

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Laurent Moisson (FFI)

Les prochains se dérouleront en janvier. Ils inaugureront une année où nous poursuivrons la montée en puissance de notre politique d’influence au service de l’industrie et du redressement de la France qui produit, qui cultive, qui innove et qui construit.

Nous, Gilles ATTAF, Emmanuel DELEAU, Guillaume LEBEAU, Béatrice Tetukau, Maugan LOMPECH LENEVEU, Kadia SYLLA MOISSON, Chloé Robert, Raymond BOCH, Juliette Lebeau, Lucie Eeckhout, Félix Galichon, Jean-Claude Cueto et moi-même, ainsi que tous les franchisés et animateurs des clubs FFI ( Jessika BELTRA, Nicolas DONNAINT, Yannick Cartailler, Pierre-Edouard MORIN, Gérald BERTIN, Gaelle POUSSIN, Frédéric Veillon de la Garoullaye, Raphael Eulry, Erick Roux de Bezieux, Emilie Le Douaron, Lionel Martin) vous souhaitons un joyeux Noël !

Par Laurent Moisson

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