Comme nous vous l’avions annoncé l’an dernier, nous ouvrons de plus en plus de clubs en régions. Certains via des partenaires, d’autres en franchise, histoire de couvrir plus vite l’intégralité du territoire pour :
- Offrir des tribunes à ceux qui font l’industrie en France. Pas les économistes avec leurs théories, mais les chefs d’entreprise et leurs équipes avec leur expérience.
- Collecter les avis issus du terrain, les synthétiser et de les diffuser à l’élite de notre pays centralisé… Histoire qu’elle se souvienne qu’il y a une France de l’autre côté du périph’ et qu’elle n’est pas une startup nation.
Nous multiplions donc les déjeuners, les interviews, les conférences, un peu partout en France. Et nous croisons plein de gens que nous ne connaissions pas ou seulement via nos réseaux sociaux.
La plupart d’entre eux sont alignés avec notre intention de parler des éléments de notre système qui brident, freinent ou tuent l’industrie française. Il faut les identifier, les illustrer, les condamner afin de pousser les réformes qui permettraient à nos usines de fleurir à nouveau sur nos territoires.
Mais d’autres s’étonnent du fait que nous parlions de sujets qu’ils estiment « politiques ».
Étonné de leur étonnement, j’ai engagé une conversation avec eux. Est alors apparu quelque chose dont je savais la présence mais dont j’ignorais l’ampleur.
En réalité, beaucoup de nos compatriotes considèrent que l’âge de départ en retraite, la durée du travail, le montant et la gestion des prélèvements sociaux et de la fiscalité ou les normes environnementales qui contraignent les activités de production sont des thèmes quasiment philosophiques. Ils marquent notre positionnement moral ou politique dans la cité. (Vous êtes pour, vous êtes gentil. Vous êtes contre, vous êtes méchant). Mais ils n’ont rien à voir avec la performance des entreprises en général et avec l’industrie en particulier.
De même, ils considèrent que comparer notre système de gouvernance nationale avec ceux de nos voisins, pour voir ce qui marche mieux ailleurs et pourquoi, c’est forcément faire la promotion de l’idéologie du parti qui les dirige. À les lire, quand on dit que l’Espagne va mieux que nous, on ferait la promotion du socialisme. Quand on dit de même de l’Italie, on ferait la promotion de l’extrême droite.
Pour eux, on pourrait faire revenir l’industrie sans traiter les raisons de son départ. Simplement en se contentant de faire des déclarations positives et en organisant des événements enthousiasmants. Bref, la fierté de produire et toutes les valeurs que cela comporte seraient l’alpha et l’oméga du remède anti-délocalisation…

Alors, évidemment, la fierté, les encouragements, la communication, c’est important. On le fait nous-même beaucoup. Il faut célébrer ceux qui s’engagent dans l’industrie. Car, pour faire rouvrir une usine, il faut avoir le soutien des habitants alentour et éviter qu’ils pensent qu’un atelier, ça pollue, ça pue et ça exploite. La pédagogie a donc sa place.
Mais les encouragements sans actions, ça devient de la pensée magique. Et la pensée magique, ce n’est pas de la magie, c’est de la pensée.
J’ai bien regardé ce que faisait Merlin dans Kaamelott, source bien plus solide que ne l’est Harry Potter, et je peux vous le certifier : même dans la magie, il y a des éléments concrets et un processus de transformation. Des potions aux ingrédients rares savamment dosés, cuites à point, mélangées avec soin. Tout sorcier sait que pour faire un miracle, les incantations, les prières, ça ne suffit jamais.
Ainsi, pour relancer notre industrie, nous avons besoin de lever ses freins. Réformer ce qui nous tire vers le bas. Et donc remettre en cause des décisions anciennes qui ont certes été prises pour de nobles raisons, mais qui, dans leur exécution, sont la cause de nos tourments. Et pour cela, comme notre France a la fâcheuse manie de tout moraliser et de tout politiser, il faut parler morale et politique. Et aller dans le détail. Car le diable s’y cache souvent.
Nous l’avons fait à Deauville, invité par Léonidas Kalogeropoulos, Patrice Gras, et l’ UNCJ – Union Nationale des Commissaires de Justice. Hervé Morin, président de la Région Normandie, nous a expliqué comment il avait organisé le redécollage industriel de sa région.

Nous l’avons fait via notre conférence au Parc Industriel de la Plaine de l’Ain. Devant de nombreux industriels et le président de Région Auvergne-Rhône-Alpes, Fabrice PANNEKOUCKE, autre partisan de l’industrie dans les territoires.
Nous l’avons fait lors des premières conférences que nous avons données chez LES ATELIERS SOUVERAINS – BAS-RHIN, et dans le Grand Est. Nous sommes d’ailleurs sur le point de faire évoluer notre partenariat avec eux. Nous en parlerons le 14 octobre au déjeuner LES ATELIERS SOUVERAINS – HAUT-RHIN, à Mulhouse en présence de Daniel Baal, Président du Crédit Mutuel. Inscription ici.
Et nous allons le faire le 14 octobre lors de notre soirée parisienne qui nous verra débattre des moyens de financer notre souveraineté économique avec Natacha Polony et Philippe Dénecé, DG du Groupe intuis. Inscription ici.
Alors, je sais bien qu’il est plus tranquille d’éviter les sujets qui fâchent. Voire-même d’adopter les postures morales avantageuses que nous dicte notre temps. La générosité sociale (c’est comme la générosité, mais avec l’argent des autres) est encore très bien vue chez nous. D’autant qu’elle ne coûte pas cher à celui qui l’appelle de ses vœux.
Mais quand elle implique d’affaiblir, via une taxe Zucman, nos Entreprises de Taille Intermédiaire (et leurs propriétaires), dont nous manquons tant (nous en avons 6 000, les Italiens 8 000 et les Allemands 13 000), il faut savoir s’y opposer et expliquer pourquoi.
Quand des dizaines de remontées terrain indiquent que la protection de la biodiversité a engendré des règlements tellement absurdes que des centaines de projets industriels sont à l’arrêt parce qu’on ne veut pas déplacer (avec précautions) un couple de grenouilles en période de reproduction, il faut le signaler.
Et tant pis si c’est pris pour du blasphème. D’autant que :
- N’ayant jamais reçu de baptême progressiste, s’en faire excommunier n’est pas un vrai problème.
- Nous n’appelons jamais à une démarche radicale. Simplement à corriger nos excès, ce qui ne fonctionne pas.
Notre idée est que même si on a toujours, en France, l’ambition d’être champion du monde de quelque chose, en matière de prélèvements obligatoires et de contraintes, il serait plus judicieux de se planquer dans le peloton. Pas tout couper, tout arrêter, partir dans l’excès inverse. Non. Juste se mettre à la moyenne, au milieu de la classe. Là, tranquillement entre le premier rang des fayots et le radiateur du fond, tant prisé des cancres.
Vous pourrez donc compter sur nous pour :
- Ne pas baisser les yeux quand il faut aborder les sacro-saints sujets qui sont pourtant à l’origine de notre désindustrialisation.
- N’entrer dans la farandole bienveillante qui encourage benoîtement le retour des usines en chantant les cantiques du moment que quand, par mégarde, elle s’intéresse à un thème sur lequel nous sommes d’accord.
C’est ainsi, en prenant l’opinion à parti, en dopant l’influence de chefs d’entreprise décidés, qu’on pourra répondre à ceux qui parlent d’économie sans jamais l’avoir pratiquée. Et, quand nous, jadis peuple élu de la Victoire, serons devenus moins nuls en économie, moins perméables aux idées saugrenues de partis en perdition, nos gouvernants seront bien obligés de prendre les décisions réclamées depuis des décennies par les entreprises.

Vous n’êtes pas d’accord avec ce qu’on écrit ? Venez nous contredire et nous influencer lors de nos débats et événements.
Chez nous, on parle de tout et avec tout le monde. Et, truc incroyable au pays des visionnaires qui pensent que persister dans l’erreur c’est faire preuve de convictions, nous sommes capables de changer d’avis. Et on évite, par-dessus tout, le dogmatisme pro ou anti. Ainsi, grâce à vos contributions, remarques, critiques (insultes), nous avons mis de la nuance dans beaucoup de nos propos. Et nous ferons encore évoluer notre ligne grâce à vous.
- On est avec l’Europe quand elle protège nos producteurs d’acier ou qu’elle organise le fléchage de l’épargne vers nos PME. On l’a écrit là et là. Mais on l’engueule quand elle se couche face à la fast fashion, l’industrie chinoise, les GAFAM ou le Mercosur.
- On est avec nos entrepreneurs et le capitalisme familial. Mais aussi pour toutes les bonnes choses issues des entreprises de l’économie sociale et solidaire.
- On critique l’État quand il micromanage mal à peu près tout. Mais on salue l’engagement des agents du service public, l’action des collectivités locales, et le professionnalisme de monopoles publics comme EDF. Le problème de la France, ce n’est pas les riches ou les fonctionnaires mais notre système complètement inefficace. Comme le dit Borloo ici.
Notre réseau de clubs est pensé pour être une agora, un immense bistrot où l’on vient échanger les points de vue pour convenir des principales décisions qu’il faudrait que notre pays prenne afin de recouvrer sa prospérité et sa souveraineté industrielle d’antan.
Voilà pourquoi on n’a pas fini de s’engueuler lors des événements FFI. Et ça nous va très bien.
On vous invite à donner votre avis sous cette publication. Ça nous permettra de voir s’il y a des courageux qui l’ont lue jusqu’au bout !