Florissante à l’époque où elle se contentait de rénover des bus et des tramways, SAFRA s’est lancée sur le vertueux marché des bus à hydrogène.

Le chant des sirènes de la startup nation était alors puissant. L’argent public coulait à flots sur les projets de décarbonation. Le temps des faillites n’était pas encore venu.

Safra y a englouti sa trésorerie, des millions de subventions et, après avoir percuté le mur de la réalité d’un marché très décevant, elle est entrée en redressement judiciaire.

Elle avait manqué son pari sur l’hydrogène. Mais ses équipes et leur savoir-faire étaient solides sur son métier historique.

C’est ce qui a plu à TTH. Cet industriel français (400 collaborateurs) a donc décidé de tenter de reprendre Safra. TTH n’en est pas à son premier essai en la matière. Sa filiale ACC M a elle-même été rachetée à la barre en 2019. Elle est redevenue, depuis, le leader privé de la rénovation de matériels ferroviaires.

TTH veut faire de même avec SAFRA, tout en lui apportant son savoir-faire dans la rénovation du ferroviaire lourd. Un marché porteur et consommateur de main-d’œuvre qualifiée.

Bref, TTH a démontré qu’il savait faire. Ce qui a tout pour rassurer les 80 employés qu’il souhaite reprendre. Il prévoit d’amener les effectifs de SAFRA à 200 personnes en 2029 et d’apporter immédiatement une partie de son imposant carnet de commandes (450 M€).

Mais voilà, alors que le tribunal de commerce d’Albi s’apprêtait à annoncer sa décision, une nouvelle offre a déboulé.

Elle émane d’un fonds d’investissement chinois. Le tribunal lui a laissé quelques jours pour « affiner leur offre », selon le site actu.fr (photo plus bas). Car son plan d’affaires, jugé trop optimiste par certains, et la précipitation de sa démarche ont créé le doute.

Mais il propose de reprendre 120 collaborateurs, essentiellement des cols blancs à fort niveau d’employabilité qui travaillaient sur les bus à hydrogène. Sur le papier, c’est mieux que l’offre de TTH qui se concentre sur le métier d’origine de SAFRA et qui reprend majoritairement des cols bleus. (Moins mobiles pour aller travailler ailleurs).

Selon actu.fr, les salariés s’inquiètent de cette proposition soudaine qui semble trop belle pour être sincère. L’histoire de ces dizaines d’entreprises rachetées par des fonds chinois avant d’être vidées ou abandonnées doit trotter dans bien des têtes aujourd’hui.

D’autant que l’exigence de rentabilité de ce type d’investisseur ne paraît pas compatible avec la lenteur de l’hypothétique développement du marché des bus à hydrogène.

Gageons que les juges du tribunal de commerce auront de la mémoire et sauront y voir clair.

Car la pérennité des emplois ne peut se contenter de promesses. Elle doit s’inscrire dans le temps, s’appuyer sur des actionnaires de bonne réputation et des marchés qui ont fait leurs preuves.

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