Luc Chatel sur l’électrique : la réglementation de Bruxelles oblige nos constructeurs à produire des voitures qui ne se vendent pas.
Bruxelles vient de suspendre sa très contestée interdiction de la vente des véhicules thermiques en Europe en 2035. Cela a déclenché un débat symptomatique de la mentalité de notre temps.
D’un côté, ceux qui, comme les Verts, avaient œuvré pour faire passer cette interdiction.
De l’autre, les industriels et ceux qui veulent sauver leur activité.
Ces derniers avaient annoncé la catastrophe industrielle actuelle. Mais leur avis avait été jugé suspect. Certains avaient même parlé de chantage à l’emploi.
Aujourd’hui, alors que de plus en plus d’usines ferment, la Commission a fait quelques pas en arrière.
Les Verts, représenté sur BFM par Yannick Jadot, estiment que « c’est un recul » et « une très mauvaise nouvelle pour le climat ». Mais aussi pour la santé (particules fines).
Pas du tout, a répondu Luc Chatel, bon connaisseur des sujets industriels. Selon lui :
Les industriels n’ont pas attendu la réglementation européenne pour travailler sur les baisses d’émissions.
Le choix d’exclure la technologie thermique avait même retardé ces baisses d’émissions :
– Parce qu’on n’investit plus sur les progrès du thermique (il va être abandonné).
– Parce que les voitures électriques, moins émettrices mais beaucoup plus chères, ne se vendent pas.
Selon lui la Commission a mené les constructeurs européens à :
– Cesser d’investir et de progresser sur des voitures qui se vendaient, mais se vendent moins parce qu’elles seront bientôt interdites.
– Investir massivement sur des voitures électriques qui ne trouvent pas preneur. D’où le drame industriel du moment.
Je lisais ce matin un article posté par Gaétan GUILLEMOT, membre FFI et spécialiste de l’automobile.
Il écrivait que la récente décision de Bruxelles est un premier pas, mais qu’elle ne va pas encore assez loin. Toujours parce qu’on oublie qu’au bout du compte, pour qu’une technologie propre soit adoptée, il faut qu’elle soit achetée par des clients. Selon lui :
– Les véhicules hybrides simples, bien plus abordables, restent exclus à l’horizon 2035 en raison de leurs émissions.
– Les petites voitures : Bruxelles prévoit des super-crédits et un gel réglementaire pour les modèles de moins de 4,20 m. Mais, seuls les électriques sont concernés. Or une mini-électrique coûte aujourd’hui 4 000 à 5 000 € de plus qu’une thermique, pour une autonomie bien inférieure. Difficile d’y voir un levier de démocratisation.
Je rêve d’un monde où les gens au pouvoir tiennent compte de l’avis des gens qui savent, et pas uniquement de ceux qui s’inquiètent. Cela permettrait des décisions plus sages.