Mistral AI prête à délocaliser en Suisse ?
Il y a quelques jours, un employé de Mistral AI publiait sur les réseaux sociaux un message anodin :
« Mistral arrive en Suisse » et compte embaucher « des ingénieurs seniors en machine learning, des chercheurs en IA appliquée et des ingénieurs en recherche de tout premier plan ».
Ces quelques lignes ont suffi pour lancer une impressionnante polémique.
Rapidement relayée par la presse suisse, l’information a, selon Le Figaro, été interprétée en France comme le signe d’un possible exil de la pépite française. Certains ont même évoqué un départ fiscal ou une fuite face aux contraintes réglementaires.
Depuis, Mistral AI a fermement démenti toute délocalisation. L’entreprise affirme rester solidement implantée à Paris et qualifie la polémique de malentendu.
Si des recrutements sont bien en cours en Suisse, ils s’inscrivent dans une stratégie de développement européen et non dans un transfert d’activité.
La start-up rappelait au Figaro qu’elle s’installera bientôt dans un nouveau siège de 20 000 m² dans le 18ᵉ arrondissement. Elle compte y accueillir jusqu’à 1 000 salariés.
Nous voici rassurés !
Mais avouons tout de même que nous sommes un drôle de pays.
Pendant de longues semaines, nous avons disserté sur cinquante nuances de taxe Zucman. On parlait de spolier les entrepreneurs et les investisseurs qui auraient trop bien réussi. Des voix très bruyantes les ont même fait passer pour de nouveaux fermiers généraux qui construisaient leur fortune aux dépens de leurs concitoyens.
Et donc, aujourd’hui, on s’indignerait du départ d’entreprises qui viennent de se faire menacer par un pays devenu fiscalement fou ? Le tout sur des rumeurs rapidement démenties ?
J’ai déjà remarqué que, dans la vie de tous les jours :
– Un conjoint toxique qui s’est fait larguer présente toujours sa victime préférée comme la vraie coupable de cette rupture ;
– Un restaurateur trop cher et désagréable se plaint toujours de l’éthique de ceux qui ne viennent plus dîner chez lui.
Visiblement, c’est un peu pareil pour notre peuple.
Quarante ans de désindustrialisation ont pourtant démontré que :
– Si l’on veut punir les entreprises et les investisseurs au nom de la « justice fiscale », il faut accepter que certains d’entre eux partent ;
– Si l’on veut qu’ils restent, mieux vaut les considérer. C’est ainsi que les industries sont restées en Italie, en Suisse ou en Allemagne.
Vous ne pensez pas ?