Chers résistants, chères résistantes, chers soutiens. Pardon pour ce silence relatif sur notre page LinkedIn (on n’a rien posté depuis 4 jours). Mais, comme on vient de dépasser les 60 000 abonnés (merci de nous envoyer vos félicitations et éloges en commentant cette infolettre. Les superlatifs, même hypocrites, sont les bienvenus), on s’est accordé quelques jours de repos. D’autant qu’on était passionné par la polémique générée par la fermeture de tout un tas de sites classés X.

Alors :

… Je vous propose de revenir sur cet amusant sujet qui n’est pas sans rapport avec la situation de l’industrie en France. Sisisi, vous allez voir.

Youporn et ses plus grands confrères, donc, ont fermé leurs portes en France, laissant des millions de gens qui avouaient avoir « des potes qui regardent des films X » (mais eux non) dans une profonde solitude.

Les médias se sont emparés du sujet. Et, un peu sur le modèle du documentaire de France 5 « Qui a tué l’industrie française ? », on a pu assister en direct à une investigation menée tambour battant afin de démasquer « qui a fait fermer les plateformes X ».

Verdict ? C’est une loi un peu tatillonne promue par de belles âmes un peu nulles qui, voulant « protéger notre jeunesse » de désordres psychologiques et moraux irréparables, a appliqué de telles contraintes aux sites en question (identification certaine de l’âge des visiteurs tout en protégeant leurs données) qu’ils ont préféré fermer.

À gauche, un adolescent ayant subi les ravages de YouPorn. À droite, un adolescent sauvé suite à la fermeture de YouPorn.

« C’est tant mieux ! Qu’ils aillent ailleurs ! », ont entonné en chœur celles et ceux qui sont à l’origine de ce sursaut moral. « On a bien raison de protéger notre jeunesse ! »

Et c’est vrai qu’il faut la protéger, cette jeunesse, ont dit les spécialistes (après avoir juré, la main sur le cœur, de ne jamais avoir visité ces sites-là, ou alors pour des raisons professionnelles, ou par erreur, et encore pas longtemps). Chiffres en main (ne cherchez aucun jeu de mots ici), ils ont quantifié les ravages psychologiques potentiels, pointé les dangers que les contenus osés pouvaient faire planer au-dessus du reste de cerveau que TikTok aurait laissé intact chez nos adolescents.

Mais ces experts n’avaient pas encore fini leurs phrases gonflées de bienveillance protectrice que d’autres experts, visiblement plus renseignés (pas parce qu’ils allaient sur ce type de plateformes, hein. Mais parce qu’ils se sont fait raconter la chose par des gens qu’ils connaissent à peine et qui eux, ont ce type d’activités honteuses), leur annonçaient qu’en voulant régler ce problème, ils étaient probablement en train de l’aggraver.

Pourquoi ? Parce que ces géants du porno à la renommée mondiale et au business juteux, modèrent (un peu) leurs contenus. Ceci afin de ne pas s’exposer aux foudres de la justice de leur pays (Youporn est canadien) pour diffusion de contenus illégaux (violence, pédopornographie…), ou parce qu’ils auraient volé des données, se livreraient à des opérations de piratage, etc.

Or derrière eux, derrière ces quelques mastodontes qui captent l’essentiel du trafic, opèrent des dizaines de milliers d’autres sites. Des sites n’ayant pas pignon sur rue, n’ayant pas de marque à protéger, opérant à partir de pays bien moins regardants que les nôtres. Des sites qui n’hésitent pas à aller bien plus loin et franchir nos lignes d’interdit.

Le débat qui a eu lieu suite à ces fermetures était, en cela, un cas d’école. En quelques minutes d’écoute des radios et chaînes d’infos, après la lecture de quelques articles lui étant consacrés, on a pu effectuer tout le cycle intellectuel qui part de la bonne intention et conduit au fiasco. De la posture morale qui voulait servir une cause, jusqu’au but contre son camp, au tir de balle dans le pied.

Cette approche est fréquente sur les sujets éthiques. Surtout chez nous.

Cela commence par l’inquiétude de certains moralisateurs naïfs qui veulent bien faire, mais, étant incompétents, proposent des solutions absurdes. Ils sont très vite rejoints par d’autres personnages, pas naïfs du tout eux, mais qui ont flairé le buzz. Eux font monter la sauce, prennent ou font prendre des décisions qui ne sont pas là pour régler un problème, mais pour marquer les esprits et camper une posture moralement avantageuse devant les caméras. Les uns et les autres finissent par arriver au même résultat… qui est le contraire de ce qu’ils recherchaient.

Parce qu’ils voulaient trop protéger, ils ont étouffé les acteurs qui faisaient pas trop mal, et précipité leurs clients dans les bras d’autres qui ne font pas bien du tout.

Dessin de Chanu

Ça vous rappelle l’agriculture Française ? Eh bien l’industrie aussi a vécu cela.

Parce qu’elles étaient les victimes idéales des bonnes consciences à la mode — sociales, fiscales, sociétales ou environnementales — parce qu’elles ont subi toutes ces réformes généreuses qu’on fait avec l’argent des autres, nos usines se sont trouvées dans un carcan réglementaire « for good » qui les a peu à peu étouffées.

Elles n’étaient pas irréprochables, c’est vrai. Car quand on produit, on pollue toujours un peu, on fait du bruit. Le travail y est parfois plus dur, plus contraignant qu’ailleurs. Mais les nôtres, celles qui produisaient en France, étaient quand même plus propres, plus respectueuses des humains et de l’environnement que nombre de celles qui les ont remplacées.

Les causes de la désindustrialisation sont nombreuses. On l’a vu dans le récent documentaire de France 5. Il y a eu la concurrence déloyale, des forfaitures, des trahisons, les excès d’un modèle mondialiste bien candide, des stupidités idéologiques, certes…

Mais cela, le mondialisme, les forfaitures… D’autres pays, nos voisins notamment, les ont connus aussi. Pourtant eux, l’Allemagne, l’Italie, la Hollande, la Suisse, l’Espagne, ont gardé leur industrie. Ils ont gardé Youporn aussi. Parce qu’ils n’ont pas poussé leurs postures morales jusqu’au point de les mettre en travers des causes qu’ils vouaient pourtant défendre.

Maintenant qu’on a percé à jour les raisons du départ des plateformes X et qu’on sait qu’il va sans doute aggraver le problème qu’il est censé combattre, on peut espérer qu’on applique cette même lucidité intellectuelle à l’industrie. Et que, 40 ans après le début de son érosion, on se rende enfin compte que, malheureusement, c’est surtout en voulant trop bien faire moralement qu’on a accéléré la désindustrialisation.

L’excès nuit en tout. Même en vertu.

Bon après, je vous dis ça… Mais je ne fréquente pas vraiment l’industrie, personnellement. Ce sont des gens que je connais qui me l’ont dit tout bas. Ils ne veulent pas qu’on sache qu’ils travaillent là-dedans et souhaitent garder l’anonymat. On les comprend…

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